L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et ses fils Gamal et Alaa ont été placés mercredi en détention pour 15 jours, poursuivis pour la violente répression de la révolte ayant abouti à la chute de l'ancien régime, mais aussi pour corruption.

L'état de santé du président déchu, qualifié d'«instable» plus tôt dans la journée, s'est amélioré, a par ailleurs indiqué un médecin cité par l'agence officielle Mena.

«Le procureur général Abdel Maguid Mahmoud a ordonné la mise en détention préventive pour 15 jours de l'ancien président Hosni Moubarak et de ses deux fils dans le cadre de l'enquête» sur l'usage de la violence contre les manifestants pendant le soulèvement de janvier et février, a indiqué un porte-parole du parquet.

La répression des manifestations pendant la révolte a fait quelque 800 morts, selon un bilan officiel.

Les trois hommes doivent aussi être prochainement interrogés sur des accusations de corruption.

M. Moubarak, qui a été victime d'un accident cardiaque lors de son interrogatoire mardi, a été transporté à l'hôpital de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï où il est assigné à résidence depuis sa chute le 11 février.

«L'état de santé de l'ex-président est devenu stable aujourd'hui après qu'il a reçu les soins adéquats», a affirmé Ahmed al-Sebaï, le chef des médecins légistes chargé par le Parquet général d'évaluer son état.

M. Al-Sebaï a précisé que sa tension, qui avait fortement chuté, était revenue à un niveau normal.

L'équipe a informé le Parquet général que son état de santé ne permettait pas que M. Moubarak se déplace. L'interrogatoire s'est donc poursuivi à l'hôpital de Charm el-Cheikh.

Le journal Al-Ahram, propriété de l'État, a de son côté affirmé sur son site internet que M. Moubarak était allé à l'hôpital «sous prétexte qu'il ne se sentait pas bien, pour éviter d'être interrogé».

Selon la télévision d'État, il aurait refusé de s'alimenter et de boire après avoir appris qu'il serait interrogé. Il a été admis dans une aile de l'hôpital réservée aux personnalités avec ses gardes du corps.

L'agence Mena a indiqué que les mesures de sécurité ont été renforcées dans la chambre d'hôpital du président déchu et qu'il serait transféré dans une cellule dès que son état de santé le permettrait.

Ses deux fils sont eux arrivés mercredi matin à la prison de Tora, dans le sud du Caire, où se trouvent déjà plusieurs anciens ministres et cadres du régime déchu.

En état de choc, il se sont vus remettre des habits blancs de prisonniers, des couvertures et des matelas après avoir remis leurs téléphones portables, selon la Mena.

Avant la révolte, Gamal était considéré comme le successeur désigné de son père. Son frère aîné Alaa a fait carrière dans les affaires.

La Coalition des jeunes de la révolution, qui a lancé le soulèvement contre l'ancien régime, a salué la détention des trois hommes et annoncé qu'elle suspendait la manifestation à laquelle elle appelait vendredi pour exiger de nouveau un procès pour M. Moubarak.

«C'est un pas positif et nous espérons qu'il sera suivi par la libération des manifestants arrêtés pendant la révolution et après», a affirmé Chady Ghazali Harb, l'un de ses membres. «Nous avons suspendu la manifestation prévue vendredi. Il s'agissait de l'une de nos principales demandes et la première étape a été réalisée».

Des partisans de M. Moubarak ont en revanche appelé sur Facebook à un sit-in jusqu'à sa libération, demandant à «tous ceux qui respectent la religion, la loi et les droits de l'Homme de sauver un homme qui a passé 62 ans de sa vie au service de son pays».

Dimanche, M. Moubarak était sorti de son silence pour défendre son «intégrité» en se disant victime d'une «campagne de diffamation», dans une allocution sonore diffusée par la chaîne Al-Arabiya.