Trois policiers et quatre soldats égyptiens enlevés dans le Sinaï ont été libérés mercredi après six jours de captivité, une affaire qui a remis en évidence le climat d'instabilité qui règne dans cette péninsule frontalière d'Israël et de Gaza.

Le président Mohamed Morsi a promis dans une allocution télévisée que «la loi prévaudrait» et que les ravisseurs «seraient traduits en justice». Ces derniers, selon des responsables des services de sécurité, n'ont toutefois pas été capturés.

M. Morsi a également lancé un appel aux habitants du Sinaï à rendre les armes, qui circulent en grand nombre dans cette région: «Les armes n'appartiennent qu'aux autorités. Ceux qui en ont doivent les rendre».

Il a également promis d'oeuvrer au développement économique de cette région parmi les plus pauvres du pays et d'assurer à ses habitants leurs «pleins droits», allusion au mécontentement d'une grande partie de la population locale, majoritairement bédouine.

M. Morsi et des dizaines d'officiels civils et militaires ont accueilli en grande pompe les sept membres des forces de sécurité, enlevés jeudi dernier, à leur arrivée sur une base aérienne proche du Caire.

Le porte-parole de la présidence Ihab Fahmi a assuré qu'il n'y avait eu «ni concessions ni négociations» pour obtenir leur libération, annoncée en début de matinée.

Les sept hommes «ont été libérés par leurs ravisseurs (...) grâce aux efforts des renseignements militaires égyptiens en coordination avec des chefs tribaux dans le Sinaï», a dit le porte-parole de l'armée, Ahmed Ali, dans un communiqué.

Les services de renseignements «ont diffusé délibérément des informations contradictoires sur la marche des opérations militaires dans le Sinaï pour confondre les ravisseurs», a-t-il expliqué, selon l'agence officielle MENA.

Mais une source bédouine a affirmé que les otages avaient été libérés après que les ravisseurs eurent obtenu des assurances qu'ils ne seraient pas poursuivis.

Peu après cette annonce, le terminal de Rafah entre l'Égypte et l'enclave palestinienne de Gaza, fermé depuis vendredi par des policiers égyptiens en colère contre les enlèvements, a rouvert. Rafah est le seul point de passage avec la bande de Gaza à ne pas être contrôlé par Israël.

Les ravisseurs étaient lourdement armés, avec des missiles antiaériens et des mitrailleuses de fort calibre, avait indiqué mardi le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim.

Il avait précisé que les ravisseurs réclamaient la libération de militants bédouins emprisonnés.

Morsi sous pression

Ce rapt a mis sous pression le président Morsi, confronté à la nécessité de rétablir l'ordre dans cette région sensible sur le plan intérieur et international, où l'autorité de l'État apparaissait une nouvelle fois bafouée.

Outre les problèmes de sécurité, M. Morsi est confronté à une grave crise économique et à une forte contestation politique.

La sécurité dans le Sinaï s'est fortement dégradée depuis le soulèvement qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak début 2011, avec une multiplication d'enlèvements et d'attaques.

La population bédouine est de longue date rétive face au pouvoir central qu'elle accuse de négliger la péninsule. Le Sinaï a également vu une recrudescence d'activité de la part des groupes islamistes radicaux hostiles à Israël.

Lundi, des assaillants avaient tiré à l'arme lourde sur un camp des Forces de la sécurité centrale (FSC) à Al-Ahrach, sans faire de victime, selon l'agence officielle Mena. Des inconnus avaient ensuite ouvert le feu sur un poste-frontière avec Israël réservé aux marchandises, Al-Ouga, près d'un autre camp de la police égyptienne, d'après la même source.

En août 2012, des hommes armés soupçonnés d'être des islamistes radicaux avaient attaqué un poste-frontière entre l'Égypte et Israël, tuant 16 gardes-frontière égyptiens avant de pénétrer avec un véhicule blindé sur le territoire israélien où ils avaient été neutralisés.

L'armée égyptienne s'était peu après massivement déployée dans le Sinaï pour tenter d'y restaurer l'ordre.