Des dizaines de personnes ont été hospitalisées après des tirs de gaz lacrymogènes de la police dimanche sur des manifestants à Manama, dont certains tentaient de bloquer l'accès au district financier.

C'est la première fois depuis le 19 février (BIEN février) que la police attaque les manifestants qui campent sur la place de la Perle pour réclamer des réformes à Bahreïn, petit royaume du Golfe dont la population locale est majorité chiite et qui est gouverné par une dynastie sunnite.

Elle les en avait déjà délogés une première fois le 17 février lors d'un assaut qui avait fait cinq morts parmi les protestataires.

Le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, a de nouveau appelé l'opposition en majorité chiite au dialogue, affirmant que le pouvoir sunnite lui avait fait «la meilleure proposition» possible.

La police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes des manifestants rassemblés devant le district financier de Manama pour tenter d'en bloquer l'accès en formant une chaîne humaine.

Bahreïn, où le mouvement de protestation a été lancé le 14 février, est un centre financier du Golfe et la ville de Manama compte de nombreux établissement bancaires, dont certains de statut off-shore.

Selon des sources médicales, 207 personnes qui ont inhalé ces gaz ont reçu des soins à l'hôpital. Trois d'entre elles sont dans un état critique, dont une personne ayant reçu des coups à la tête. Aucun manifestant n'a cependant été blessé par balle.

Quatorze policiers ont par ailleurs été blessés lors de heurts avec les manifestants devant le district financier, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Les policiers ont en outre démantelé des tentes que les manifestants, évalués à quelque 350 selon le ministère, avaient dressées à l'entrée du district financier de Bahreïn.

Dans ce climat de tension, des civils masqués ont attaqué à coups de bâton et d'épée dimanche des étudiants de l'opposition qui observaient un sit-in à l'université de Bahreïn, selon des employés de l'établissement.

L'Union générale des syndicats de travailleurs de Bahreïn a de son côté lancé un appel à la grève générale, qualifiant la dispersion des manifestants dimanche «par la force» de «violation des droits de l'Homme».

Dans un communiqué, elle a appelé le gouvernement à «parvenir au plus tôt à des solutions radicales avec les forces politiques, pour sauver le pays».

Le prince héritier, chargé par le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa, d'entamer le dialogue avec les opposants a exprimé samedi l'espoir que l'opposition allait «se joindre au dialogue sans condition».

«Nous leur avons donné la meilleure proposition qu'ils pouvaient espérer», a déclaré aux journalistes le prince Salman, à l'issue d'une entretien avec le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates.

Le puissant mouvement chiite Wefaq a posé des conditions pour entamer le dialogue, dont la démission du gouvernement.

L'aile dure de l'opposition chiite avait appelé pour sa part au cours des derniers jours à plusieurs manifestations à Bahreïn, où la tension confessionnelle va croissant.

Des milliers de Bahreïnis avaient manifesté samedi contre le régime près d'une résidence royale proche de Manama, au lendemain de la tentative de marche sur un autre palais du roi Hamad ben Issa Al-Khalifa.

Au Liban, le Hezbollah chiite a condamné dans un communiqué l'attaque de la police, la qualifiant d'«acte irresponsable» et d'«agression contre la liberté d'expression et contre les droits basiques des citoyens».