Le président syrien Bachar al-Assad a appelé samedi les instances gouvernementales chargées de l'aide humanitaire à une plus grande coopération avec les organisations locales et internationales, selon la télévision d'État.

L'appel de M. Assad intervient notamment après que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon eut déploré les problèmes d'accès de l'aide humanitaire à destination des Syriens dans le besoin, malgré une résolution adoptée en février appelant les belligérants à la laisser entrer.

Dans un rapport transmis le 23 avril au Conseil de sécurité, M. Ban fait porter la responsabilité de ces entraves à l'accès humanitaire aux deux parties en conflit, mais critique tout particulièrement le gouvernement.

«Nous avons besoin d'une plus grande coopération entre les ministères et les organes impliqués dans l'aide humanitaire, d'un acheminement de l'aide sans délai, et d'un travail sur le terrain avec toutes les parties prenantes locales et internationales pour faciliter l'acheminement de l'aide», a dit M. Assad.

La télévision d'État a diffusé des images montrant M. Assad en réunion avec des représentants de la commission des secours, une instance gouvernementale.

La patronne des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos avait constaté mercredi l'échec des efforts pour améliorer la livraison des secours à la population syrienne, estimant que «loin de s'améliorer, la situation s'aggrave».

Ainsi, «moins de 10% des 242 000 Syriens dans les zones assiégées ont reçu une aide dans les quatre semaines écoulées», avait-elle dit après avoir fait le point de la situation humanitaire devant le Conseil de sécurité réuni à huis clos.

Des juristes internationaux ont récemment appelé l'ONU à faire passer l'aide via la Jordanie et la Turquie par les postes-frontières tenus par les rebelles.

Mais M. Assad a jusqu'à présent toujours refusé de laisser passer l'aide dans les territoires échappant au contrôle du régime par des postes aux mains des insurgés.

Et il a affirmé samedi que l'acheminement de l'aide devait être amélioré «sans faire de compromis avec la souveraineté nationale».

«L'État a la responsabilité de couvrir les besoins de tous les citoyens (...) pas seulement dans les secteurs vers lesquels ils ont fui (et qui sont sous le contrôle du gouvernement) mais aussi dans les zones aux mains des terroristes», a-t-il dit, en utilisant la terminologie officielle désignant les rebelles.

Alors que le pays est en guerre depuis trois ans, faisant plus de 150 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés, M. Assad brigue un troisième mandat à la présidentielle, prévue le 3 juin dans les zones non contrôlées par les insurgés.

60 000 personnes ont fui les combats entre jihadistes rivaux dans l'Est

Plus de 60 000 personnes ont fui ces derniers jours des villes de la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, théâtre d'intenses combats entre jihadistes rivaux, a rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les combats, qui ont débuté mercredi entre le Front Al-Nosra, la branche syrienne du réseau d'Al-Qaïda, et les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), se sont intensifiés samedi en dépit d'un appel du chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahri à l'arrêt des hostilités.

«Les habitants des localités de Bussayra (35 000 personnes), d'Abriha (12 000) et d'al Zir (15 000) ont été déplacés par les combats dans ces secteurs», a indiqué l'OSDH.

Selon cette ONG, basée au Royaume Uni et qui dispose d'un large réseau de militants et de médecins sur le terrain, les combattants d'al-Nosra ont brûlé plusieurs maisons à Bussayra, tandis que l'EIIL a fait de même à Abriha.

En quatre jours de combats, 62 combattants des deux groupes ont été tués, a ajouté l'OSDH.

Selon l'ONG, des centaines de déplacés ont réussi à gagner la Turquie. Une vaste majorité d'entre eux ont cherché à se réfugier dans les zones échappant au contrôle du régime, dans d'autres secteurs de la province de Deir Ezzor.

Une guerre fratricide oppose les deux groupes jihadistes, pourtant engagés contre le régime en Syrie, faisant des milliers de morts depuis janvier.

Dans un enregistrement sonore diffusé vendredi, Ayman al-Zawahri avait ordonné au Front Al-Nosra, de cesser «immédiatement» de combattre l'EIIL.

Il lui a demandé de «se consacrer au combat contre les ennemis de l'islam, en l'occurrence les baasistes» les partisans du parti Baas au pouvoir en Syrie, «les chiites et leurs alliés».

Le différend avec l'EIIL a éclaté l'année dernière lorsque Zawahiri a accusé ce groupe radical de violences contre des civils et des rebelles rivaux et lui a ordonné de restreindre ses activités à l'Irak.

Le chef d'Al-Qaïda a déclaré le Front al-Nosra comme la branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie, désavouant clairement l'EIIL, qui voulait s'imposer comme le représentant du réseau extrémiste à la fois en Irak et en Syrie.