Des combats intenses se déroulaient mardi dans la ville de Farah, dans l'ouest de l'Afghanistan, où les talibans ont lancé dans la nuit une vaste opération et où les autorités ont dépêché des renforts.

Cette attaque talibane, la première du genre depuis le lancement fin avril de leur offensive de printemps, a démarré aux alentours de minuit, selon des sources locales.

Les insurgés se sont emparés d'un district et d'une partie d'un autre, a déclaré à l'AFP une membre du conseil provincial, Jamila Amini depuis Farah, capitale de la province du même nom.

«Des combats intenses se poursuivent à l'intérieur de la ville et des avions ont tout juste commencé à bombarder les positions talibanes», a-t-elle dit, évoquant l'arrivée d'«une centaine de commandos» en renfort. Au moins un convoi de l'armée a été touché par un kamikaze à moto, a-t-elle encore indiqué, faisant état de victimes.

Un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Najib Danish, a confirmé le déploiement de renforts tôt mardi depuis les provinces voisines, notamment des forces spéciales et des commandos.

«Les premières informations suggèrent que l'ennemi a subi de lourdes pertes. Les forces aériennes afghanes et étrangères participent à l'opération», a-t-il dit lors d'un point presse à Kaboul. Les forces de l'OTAN en Afghanistan n'ont pas confirmé leur participation dans l'immédiat.

«Les gens sont avec nous», a-t-il lancé, se disant convaincu que les insurgés allaient «échouer».

Un porte-parole du ministère de la Défense, Mohammad Radmnish, a pour sa part fait état de deux tués et 4 blessés parmi les forces de sécurité, et de «plus de dix combattants ennemis abattus».

«Les combats se poursuivent à environ 3 km au nord et à l'ouest de la ville de Farah», a-t-il dit, assurant que «la situation est sous contrôle».

«La situation est très mauvaise», a déclaré à l'AFP Satar Hissaini, un responsable tribal.

«Des combats intenses se poursuivent et les talibans sont dans la ville, mais les quartiers généraux de la police et du NDS (renseignements afghans) ne sont pas tombés entre leurs mains», a-t-il dit.

«Les forces du NDS dans leur QG sont engagées dans de violents affrontements avec les talibans», selon lui.

Province reculée

Les talibans ont appelé dans un communiqué les habitants à rester chez eux et à «garder leur calme».

«Le bruit des explosions et des tirs couvre la ville», a témoigné un habitant se présentant sous le nom de Bilal, précisant qu'il voyait de la fumée s'élever d'un quartier abritant un bâtiment des services de renseignement.

Farah, frontalière de l'Iran, est une province reculée de l'Afghanistan, où la culture du pavot est répandue et qui a été le théâtre d'intenses combats ces dernières années.

Les insurgés ont essayé à trois reprises de s'emparer de la capitale provinciale en 2017, selon le réseau d'analystes Afghanistan Analysts Network. Farah doit en outre accueillir un tronçon du gazoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde). Les talibans se sont dans le passé déclarés prêts à coopérer avec le projet.

Cette nouvelle attaque intervient alors que les talibans ont récemment lancé leur offensive de printemps, multipliant les assauts contre les forces de sécurité afghanes, en un rejet tacite d'une récente offre de pourparlers de paix de la part du président Ashraf Ghani.

Cette offensive, nommée Al Khandaq, vise à «écraser, tuer et capturer les envahisseurs américains et leurs partisans», avaient indiqué les insurgés fin avril.

Tant les talibans que le groupe État islamique (EI) ont par ailleurs fait savoir qu'ils chercheraient à perturber au maximum les élections législatives prévues le 20 octobre.

L'EI a notamment revendiqué fin avril un attentat contre un centre d'enregistrement électoral à Kaboul qui a fait une soixantaine de morts, ainsi qu'un double attentat suicide qui a tué au moins 25 personnes dont le chef photographe de l'AFP Shah Marai ainsi que huit autres journalistes.