L'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), lié à Al-Qaïda, a tendu la main aux rebelles syriens, ses anciens alliés, leur demandant dimanche de mettre fin aux affrontements qui opposent désormais leurs combattants sur le terrain en Syrie.

«Aujourd'hui, l'État (islamique) vous demande d'arrêter de nous combattre, et de vous concentrer sur les combats» contre le régime syrien, déclare dans un message audio posté sur des forums jihadistes un homme présenté comme Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'organisation.

Le 3 janvier, de nombreux groupes rebelles excédés par les exactions attribuées à l'EIIL et sa volonté d'hégémonie ont lancé une offensive contre le groupe jihadiste dans les zones contrôlées par la rébellion dans le nord de la Syrie. Les combats entre rebelles et jihadistes ont depuis fait près de 1100 morts, selon une ONG syrienne.

Cet enregistrement marque un tournant dans la politique de l'EIIL, qui avait affirmé récemment qu'il «écraserait» les combattants de l'opposition syrienne, et qu'il considérait les membres de la Coalition nationale syrienne et sa branche armée, l'Armée syrienne libre, comme des «cibles légitimes».

Si M. Baghdadi accuse les groupes rebelles d'avoir poignardé l'EIIL «dans le dos», il demande cependant à ses combattants de «ne pas trahir qui que ce soit» et de «pardonner» aux rebelles.

«Pardonnez leur, concentrez-vous sur votre ennemi, qui est l'ennemi du peuple sunnite», ajoute-t-il, alors que la grande majorité des rebelles syriens sont sunnites, et combattent le président Bachar al-Assad, de confession alaouite, une branche du chiisme.

Mais parmi les sunnites, l'union n'est pas systématique. Sur le terrain, les rebelles s'opposent à l'EIIL, et même le Front al-Nosra, jihadiste, reste au mieux neutre dans les affrontements qui les opposent.

En avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi, à la tête de l'État islamique en Irak, la branche d'Al-Qaïda dans le pays, avait pourtant souhaité fusionner son organisation avec le Front al-Nosra, la branche syrienne du réseau, donnant ainsi naissance à l'EIIL. Mais Al-Nosra et le chef d'Al-Qaïda lui-même, Ayman al-Zawahiri, ont rejeté cette fusion.

Dans son message, Baghdadi met également en garde les États-Unis: «Sois prudente Amérique, la guerre par procuration ne vous protégera pas en Syrie, et bientôt vous serez contraints à une confrontation directe». «Les fils de l'islam se préparent à ce jour», conclut-il.

Ce message intervient à quelques jours de l'ouverture de la Conférence de paix sur la Syrie dite de Genève II, à laquelle l'opposition syrienne a décidé de participer, après des mois d'atermoiements.

Cette conférence, qui débutera le 22 janvier à Montreux, en Suisse, vise à trouver une solution politique au conflit syrien, qui a fait plus de» 130 000 morts en près de trois ans, selon une ONG.