Des manifestants chiites ont défilé à Bahreïn vendredi pour demander des réformes politiques dans ce royaume dirigé par une dynastie sunnite, ont rapporté des témoins.

À l'appel de la plus importante organisation de l'opposition, les protestataires ont défilé le long de l'autoroute de Boudaya, qui relie plusieurs villages chiites dans l'ouest de la capitale.

Bravant la chaleur, ils ont brandi des drapeaux bahreïnis et des photos de prisonniers, et scandé «O, Khalifa, démissionne». Le Prince Khalifa ben Salmane al-Khalifa, un oncle du roi Hamad, est premier ministre du royaume depuis une quarantaine d'années.

«Notre patrie ne peut pas rester l'otage d'un petit groupe qui contrôle le pouvoir et les richesses», a dénoncé l'opposition, conduite par la formation chiite Al-Wefaq, dans un communiqué.

«Le peuple bahreïni (...) a le droit à une alternance pacifique du pouvoir», a-t-il ajouté, faisant allusion à sa revendication d'une monarchie constitutionnelle avec un premier ministre élu.

La semaine dernière, les autorités avaient empêché une manifestation du mouvement d'opposition Tamarod, un nouveau groupe inspiré du mouvement égyptien éponyme à l'origine de manifestations monstres ayant mené à la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi.

La manifestation devait avoir lieu devant l'ambassade américaine, mais de strictes mesures de sécurité autour des villages chiites avaient empêché les manifestants de s'y rendre.

Bahreïn, seule monarchie du Golfe dont la majorité de la population est chiite, est secoué par des troubles depuis février 2011.

Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au moins 80 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation animée par les chiites contre la dynastie des Al-Khalifa.