À peine nommé, le premier ministre palestinien Rami Hamdallah, un universitaire peu connu à l'étranger, a affirmé vouloir suivre la voie de son prédécesseur puis céder rapidement la place à un gouvernement d'union nationale, comme le prévoient les accords de réconciliation avec le Hamas.

Israël a accueilli prudemment la nomination dimanche par le président palestinien Mahmoud Abbas de M. Hamdallah, disant espérer avoir affaire à un «pragmatique» pour succéder à Salam Fayyad, qui était plébiscité par la communauté internationale.

«Le nouveau gouvernement sera une continuation du précédent», a assuré lundi Rami Hamdallah, réaffirmant que la plupart des ministres resteraient en place.

«Ce gouvernement fait partie des efforts de réconciliation. J'espère que le 14 août, le président Abbas formera un nouveau gouvernement, en vertu de l'accord entre le Hamas et le Fatah», a-t-il indiqué à la radio officielle Voix de la Palestine.

«Rami Hamdallah est un patriote et nous espérons qu'il pourra diriger le gouvernement pendant trois mois pour nous donner une chance de former un gouvernement d'union», a déclaré à l'AFP Amine Maqboul, secrétaire général du Conseil révolutionnaire du Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas.

Lors d'une nouvelle réunion au Caire le 14 mai, le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, se sont donné trois mois, soit jusqu'au 14 août,  pour former un gouvernement d'union nationale et convoquer des élections simultanées, conformément à leurs accords de réconciliation.

Ces accords signés au Caire (avril/mai 2011) et à Doha (février 2012) prévoient que les gouvernements rivaux cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections. Mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées.

Un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a dénoncé dimanche soir «une reproduction des expériences précédentes».

Cette désignation «ne résoudra pas les problèmes et ne réalisera pas l'unité parce qu'elle ne résulte pas de la réconciliation ni de l'application de l'accord du Caire», a-t-il dit à l'AFP, jugeant qu'elle n'était «ni légale ni légitime».

«Modéré et pragmatique»

Dans une première réaction officielle israélienne, le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, a souligné «ne pas connaître le nouveau premier ministre comme homme politique, mais comme professeur».

«Nous espérons avoir en face de nous des gens pragmatiques», a dit M. Yaalon, cité dans un communiqué de son ministère.

«Les responsables israéliens considèrent que Rami Hamdallah est un modéré et un pragmatique qui suivra la même ligne politique que son prédécesseur Salam Fayyad», selon la radio militaire.

Le quotidien Haaretz cite lui aussi des responsables israéliens qualifiant le nouveau premier ministre de «pragmatique qui entretient de nombreux contacts professionnels avec des Israéliens».

Un des éditorialistes du journal salue M. Hamdallah qui a accepté «une mission suicide».  «Il va devoir persuader les États-Unis et les autres pays donateurs qu'il est un partenaire sérieux, honnête, exempt de corruption, au moins autant que l'était Fayyad», écrit-il.

«Il ne bénéficie pas du statut international de son prédécesseur, et il est relativement inconnu à Washington et dans les capitales européennes. Si l'Occident sent qu'il n'y a pas un adulte responsable pour protéger les caisses palestiniennes, l'aide internationale qui maintient en vie l'Autorité palestinienne risque de se tarir rapidement», pronostique-t-il.

Les États-Unis ont salué dimanche soir la nomination de M. Hamdallah. «Ensemble, nous pouvons choisir la voie d'un accord négocié pour deux États qui permettra aux Palestiniens de combler leurs aspirations légitimes à un État palestinien souverain et indépendant», a affirmé le secrétaire d'État John Kerry, selon un communiqué.

Le départ de M. Fayyad est tombé au pire moment pour la diplomatie américaine qui, faute de progrès politiques lors des visites de M. Kerry, s'est rabattue sur la promotion du développement économique en Cisjordanie occupée.

Âgé de 54 ans et président depuis 1998 de l'Université Al-Najah de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, M. Hamdallah est également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.

Proche du Fatah et membre du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, il est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster.