L'ONU a condamné mercredi «l'escalade» des attaques menées par le régime de Damas dans le conflit syrien, qui sera au coeur d'une rencontre jeudi à la Maison Blanche entre Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

La résolution --non contraignante et à la portée symbolique-- adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies condamne «l'escalade continue» des attaques de l'armée syrienne et ses «violations flagrantes et systématiques» des droits de l'homme.

Ce texte, auquel se sont notamment opposés la Russie, la Chine et l'Iran, a également salué la création de la Coalition nationale de l'opposition, la qualifiant d'«interlocuteur effectif et représentatif nécessaire à une transition politique».

Il appelle en outre «toutes les parties à cesser immédiatement toute forme de violence, y compris les actes terroristes» et à participer à une «transition politique» basée sur la déclaration de Genève du 30 juin 2012, qui prévoit un gouvernement de transition.

Plus de 94 000 morts

La Coalition de l'opposition a immédiatement salué cette résolution, y voyant «un message clair au régime de Bachar al-Assad pour qu'il arrête sa répression sauvage de la révolte» en Syrie.

Le représentant russe à l'ONU Alexander Pankin a de son côté affirmé que cette résolution «partiale» allait compromettre les efforts américano-russes pour organiser une conférence internationale, quand les États-Unis saluaient de leur côté un texte «compatible avec (cette) initiative».

«Nous comptons nous appuyer sur ce vote pour, dans les semaines à venir, contribuer à faire avancer une solution politique», a pour sa part déclaré le ministère des Affaires étrangères français.

Sur le front diplomatique, Barack Obama recevra jeudi à la Maison-Blanche Recep Tayyip Erdogan, quelques jours après un double attentat qui a fait 51 morts samedi dans le sud de la Turquie, à la frontière syrienne, et qui a été attribué par Ankara à un mouvement clandestin turc ayant d'étroits liens avec le régime syrien et ses services de renseignement.

Mardi, le Premier ministre turc avait catégoriquement exclu l'offre d'enquête conjointe du régime de Damas, qualifié d'«illégal». Il avait par ailleurs affirmé qu'à son retour des États-Unis, son gouvernement établirait une «feuille de route» au sujet de la crise syrienne.

Mercredi, Washington a aussi précisé les contours d'une conférence internationale sur la Syrie qui pourrait se tenir en juin à Genève.

Moscou et Washington ont appelé à cette conférence pour trouver une solution politique à un conflit qui a fait plus de 94 000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Washington a appelé M. Assad à venir s'asseoir à une table de négociations avec la rébellion, mais a fait savoir qu'il ne pourrait pas participer à un futur gouvernement de transition.

Or le régime syrien a exclu toute discussion sur le sort du chef de l'Etat, estimant que cette question était du ressort «du peuple syrien et des urnes», en référence à la présidentielle de 2014. L'opposition a, elle, fait du départ de M. Assad une condition sine qua non pour tout règlement.

Assaut rebelle sur la prison d'Alep

Après un entretien avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté estimé mercredi qu'il fallait «faire pression d'urgence» sur les deux camps pour qu'ils proposent des personnalités susceptibles de participer à un gouvernement de transition.

La journée de mercredi a par ailleurs été marquée par la vive condamnation par la rébellion de la vidéo montrant un insurgé éviscérant un soldat syrien, qui avait provoqué un tollé. «Le coupable sera puni sévèrement même s'il s'agit d'un membre (de la rébellion)», a indiqué le commandement de l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion.

Sur le terrain, l'armée tentait de repousser un assaut des rebelles contre la prison d'Alep, où sont détenues des milliers de personnes, selon l'OSDH.

A Damas, une personne a été tuée par l'explosion d'une bombe fixée à une voiture sur la place ultra-sécurisée des Omeyyades et au moins quatre personnes ont été tuées dans des bombardements de l'armée sur le secteur du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk.

Des combats avaient aussi lieu dans les provinces de Damas, Hama et Homs (centre), Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud).

Deux projectiles tirés de Syrie sont tombés dans un secteur du mont Hermon, point culminant du Golan occupé par Israël, sans faire de victime, selon l'armée israélienne.