Le parquet tunisien a ouvert une enquête sur les réseaux qui facilitent le départ de Tunisiens pour combattre dans les rangs des islamistes en Syrie, a indiqué lundi le procureur général au tribunal de première instance de Tunis.

«Le procureur général du tribunal de Tunis a décidé de l'ouverture d'une enquête sur les réseaux qui aident ceux qui désirent rejoindre les troupes armées contre le régime syrien», selon un communiqué diffusé par l'agence officielle TAP.

Les autorités tunisiennes n'ont donné aucun chiffre officiel sur le nombre de Tunisiens combattant dans les rangs islamistes en Syrie, mais selon les pages internet des mouvements jihadistes plusieurs dizaines d'entre eux ont été tués au cours des deux dernières années.

La révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, lancée le 15 mars 2011, s'est transformée en guerre civile en raison d'une répression brutale. Selon l'ONU, le conflit a fait plus de 70 000 morts.

Des observateurs affirment que les mosquées jouent un rôle central dans le départ des jeunes tunisiens en Syrie.

«Les recruteurs visent les jeunes moins éduqués et au chômage au moyen d'incitations financières et de fatwas religieuses», a expliqué récemment Naceur Khechini, professeur de charia islamique.

De nombreux Tunisiens ont par le passé combattu avec les islamistes en Afghanistan et en Irak, contre les troupes occidentales. Une dizaine de jihadistes tunisiens ont participé à la vaste prise d'otage d'In Amenas en Algérie.

Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, Ennahda s'oppose à cette forme de «guerre sainte», mais il est néanmoins très critiqué par une partie de la société civile et de l'opposition qui accusent ce mouvement de laxisme vis-à-vis des groupes armés.