Le médiateur international Kofi Annan a proposé la mise en place en Syrie d'un gouvernement de transition qui inclurait des partisans du président Bachar Al-Assad et des membres de l'opposition afin de trouver une solution politique au conflit, ont indiqué mercredi des diplomates.

Les principales puissances (Russie, Chine, États-Unis, Royaume-Uni, France) soutiennent cette idée qui sera discutée au cours de la réunion du Groupe d'action sur la Syrie samedi à Genève, ont précisé ces diplomates.

Selon le schéma proposé par M. Annan, ce nouveau gouvernement de coalition pourrait inclure des membres de l'actuel gouvernement syrien et des groupes d'opposition, mais pas des responsables «dont la présence pourrait nuire à la transition, miner la crédibilité de ce (nouveau) gouvernement ou les efforts de réconciliation», a expliqué un diplomate.

«La description faite par Annan suggère qu'Assad pourrait en être exclu, mais aussi que certains responsables de l'opposition n'en feraient pas partie», a précisé un autre diplomate, ajoutant cependant que rien dans la proposition de M. Annan n'exclut automatiquement le président Assad.

«L'acceptation de ce plan par la Russie pourrait signifier qu'elle est prête à voir Assad partir», a-t-il dit. Mais un autre diplomate occidental s'est montré sceptique sur ce point, estimant que «les Russes ne sont pas prêts à lâcher Assad (ou) à accepter des idées contraires à leurs intérêts».

L'idée de ce gouvernement de coalition fait partie de «lignes directrices et principes pour une transition» en Syrie que M. Annan a envoyées aux ministres des Affaires étrangères qui doivent participer à la réunion de Genève.

Celle-ci rassemblera samedi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni).

Des invitations ont été également adressées à la Turquie, au Haut représentant de l'Union européenne, à M. Ban et au secrétaire général de la Ligue arabe. Les chefs de la diplomatie du Qatar, du Koweït et de l'Irak, ces derniers au titre de leur rôle au sein de la Ligue arabe, sont également invités.

Selon M. Annan, ce «Groupe d'action» doit notamment se mettre d'accord sur «des directives et des principes pour une transition politique menée par les Syriens».

S'exprimant devant la presse mercredi, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitaly Tchourkine avait souligné que les idées que présenterait M. Annan à Genève ne seraient pas automatiquement acceptées par les ministres.

Elles «fourniront une base de discussions pour les ministres», a-t-il expliqué en n'excluant pas que d'autres éléments de réflexion s'ajoutent au document envoyé par Annan aux ministres. «Ce sera une conférence de travail», a-t-il résumé.

De son côté la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en visite à Helsinki, a indiqué avoir eu «des consultations étroites avec Kofi Annan» à propos de son document sur les perspectives de transition politique en Syrie, sans fournir de détail sur les propositions de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe.

Elle a cependant dit avoir transmis à M. Annan «son soutien pour le plan qu'il a présenté», qu'elle a qualifié de «feuille de route très concrète pour une transition politique».

«Nous pensons qu'il contient les principes nécessaires à toute transition politique en Syrie susceptible de conduire à une solution pacifique et démocratique reflétant la volonté du peuple syrien», a-t-elle estimé.