Le président russe Vladimir Poutine a plaidé lundi pour une transition «civilisée» vers la démocratie dans les pays touchés par le Printemps arabe, mettant en garde contre toute ingérence en Syrie, lors de sa première tournée au Proche-Orient depuis son retour au Kremlin en mai.

M. Poutine est arrivé dans la matinée en Israël afin de défendre la position de son pays sur les grandes crises de la région, en particulier celle qui agite la Syrie où le régime de Bachar al-Assad, un allié de Moscou, est confronté depuis plus de 15 mois à une révolte qu'il réprime dans le sang.

«Depuis le début du Printemps arabe, la Russie s'efforce de convaincre ses partenaires que les changements démocratiques devraient se dérouler de manière civilisée», a déclaré le président russe, lors d'une conférence de presse conjointe avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem.

M. Netanyahu a pour sa part jugé «nécessaire de trouver le moyen de mettre fin aux tueries et à la terrible souffrance du peuple syrien et de promouvoir, autant que possible en ces temps troublés, la paix, la sécurité et la stabilité dans la région».

S'agissant du programme nucléaire controversé de l'Iran, M. Netanyahu a réitéré les trois exigences d'Israël: «L'arrêt de tout enrichissement d'uranium en Iran, le transfert hors d'Iran de tout uranium enrichi et le démantèlement de l'installation souterraine près de Qom», dans le centre de l'Iran.

M. Netanyahu a pressé la communauté internationale de «renforcer les sanctions et les exigences» envers l'Iran, accusé par l'Occident et Israël de chercher à se doter de l'arme nucléaire malgré ses démentis.

De son côté, le président Shimon Pérès a «personnellement» demandé à M. Poutine de «faire entendre (s)a voix contre un Iran nucléaire, contre un génocide», lors d'un entretien, suivi d'un dîner d'État, dans sa résidence.

M. Pérès a aussi averti qu'«il y a un danger réel que des armes non conventionnelles syriennes tombent entre les mains du Hezbollah (libanais) et d'Al-Qaïda».

Il a présenté à son hôte une proposition aux termes de laquelle «la Syrie serait, pendant deux ans, placée sous un mandat de la Ligue arabe avec le soutien des Nations unies jusqu'à ce que des élections démocratiques puissent être organisées dans ce pays», selon un communiqué du bureau de M. Pérès.

Le chef du Kremlin avait auparavant jugé «inacceptable, au regard du droit international, qu'on puisse envisager une destruction mutuelle, quel que soit l'auteur de telles menaces».

Dès son arrivée en Israël, le président russe s'était rendu à Netanya, station balnéaire au nord de Tel-Aviv, où il a dévoilé un monument érigé à la mémoire des soldats de l'Armée rouge qui ont contribué à la victoire sur l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale.

Il doit rencontrer mardi le président palestinien Mahmoud Abbas à Bethléem, la ville de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne, où sera inauguré un centre culturel russe. Il se rendra ensuite en Jordanie pour des entretiens avec le roi Abdallah II.

Sa visite est principalement une mission diplomatique dominée par la crise en Syrie. Moscou est à couteaux tirés avec les pays occidentaux sur la réponse à apporter aux violences en Syrie qui ont fait plus de 15 000 morts, selon une ONG syrienne.

Les États-Unis ont affirmé la semaine dernière que la Russie se préparait à dépêcher trois navires pour protéger le port syrien de Tartous, sa seule base navale en Méditerranée.

Le Kremlin s'oppose à des sanctions contre Damas et à toute intervention extérieure dans ce pays.

Il a aussi réaffirmé son refus d'appuyer un plan de départ de M. Assad, même si le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a demandé au régime de faire «beaucoup plus» d'efforts pour mettre en oeuvre le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan.