Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité sa première résolution sur la Syrie, autorisant le déploiement sur place d'observateurs pour surveiller le fragile cessez-le-feu.

Les cinq premiers observateurs ont immédiatement pris l'avion pour Damas où ils arriveront dimanche, a annoncé l'ONU. Ils seront suivis de 25 autres dans les prochains jours.

Aux termes de la résolution 2042, le Conseil de sécurité a décidé de l'envoi en Syrie «d'une mission préparatoire comprenant jusqu'à trente observateurs militaires non armés», en prélude à une mission complète.

Celle-ci devrait compter 250 Casques bleus, mais son déploiement prendra plusieurs semaines et nécessitera une nouvelle résolution. Le Conseil a demandé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de lui faire des recommandations d'ici mercredi.

La résolution 2042 est la première du Conseil sur la Syrie, les 15 membres n'ayant pour l'instant adopté que trois «déclarations présidentielles». La Russie et la Chine avaient mis leur veto à deux précédentes résolutions depuis le début de la crise syrienne il y a 13 mois. Les violences dans le pays ont fait plus de 9.000 morts, selon l'ONU.

Afin de donner à sa mission les moyens de faire son travail, le Conseil demande à Damas de «garantir la sécurité» des observateurs, leur liberté de mouvement qui doit être «totale et sans entrave», ainsi que la confidentialité de leurs contacts et de leurs communications.

Il se propose «d'envisager de nouvelles mesures» si la résolution n'est pas appliquée.

Il réclame aussi du gouvernement syrien qu'il respecte «de manière visible et dans son intégralité» sa promesse de retirer ses troupes et ses armes lourdes des villes rebelles, et rappelle que le médiateur international Kofi Annan a souhaité que les forces syriennes «retournent dans leurs casernes» pour consolider le cessez-le-feu.

Cette résolution présentée par les Occidentaux (France, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne notamment) a fait l'objet d'un véritable bras de fer avec la Russie qui voulait un texte plus court et moins contraignant pour son allié syrien.

Instruits par l'expérience des observateurs de la Ligue arabe, les Occidentaux insistaient pour obtenir de Damas des garanties et le respect de ses promesses de désengagement militaire.

Les 165 observateurs de la Ligue arabe déployés en Syrie fin décembre 2011 avaient dû plier bagage sans mener à bien leur mission.

Finalement, la Russie a estimé que «des changements importants ont été faits pour rendre le texte plus équilibré», selon son ambassadeur à l'ONU Vitali Tchourkine, et a voté pour.

Quelques heures avant ce vote, les forces syriennes ont tué six civils et bombardé la ville de Homs.

Ce regain de violence «fait douter à nouveau sérieusement de la volonté du régime» de Bachar al-Assad de respecter le cessez-le-feu, a estimé l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice. «Nous espérons tous que (le calme) continuera de prévaloir, mais nous sommes sans illusions».

«Les attaques subies par la population civile aujourd'hui à Homs confirment les doutes que l'on peut avoir sur la réalité de l'engagement du régime syrien», a souligné l'ambassadeur français Gérard Araud. «Nous jugerons le régime syrien sur ses actes et rien d'autre».

Pour Vitali Tchourkine, les observateurs «devront relever un défi difficile et faire preuve de beaucoup de professionnalisme, de courage et d'objectivité». Il a souligné que les recommandations du Conseil s'adressaient aussi à l'opposition syrienne.

Son homologue chinois Li Baodong a demandé «à toutes les parties, gouvernement et opposition inclus, de tenir leurs promesses» de cesser les hostilités et de dialoguer. «Nous devons éviter tout ce qui pourrait créer des difficultés pour la médiation de M. Annan».