Des centaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi contre le régime syrien, notamment dans des villes où se trouvaient les observateurs arabes, ce qui n'a pas empêché les forces de sécurité de réprimer dans le sang ces rassemblements.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de la mort vendredi de 32 civils (dont 25 dans les manifestations), deux déserteurs et cinq soldats en Syrie, où la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad ne s'essouffle pas.

Les observateurs, chargés de surveiller la situation dans le cadre d'un plan de la Ligue arabe visant à mettre fin aux violences, se sont rendus à Idleb (nord-ouest), Hama (nord), Homs (centre) et à Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La télévision officielle a dit qu'un groupe était également allé à Douma, près de Damas.

À Deraa, berceau de la contestation, cinq civils ont péri lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à balles réelles sur une manifestation, et à Hama, au moins sept autres ont été tués et plus de 20 blessés, selon l'OSDH.

Dans la province d'Idleb, plus de 250 000 manifestants se sont rassemblés dans des dizaines de villes, notamment Idleb, Maret al-Noman, Khan Cheikhoune et Saraqeb, selon l'OSDH. À Idleb même, trois manifestants ont été tués et 37 autres blessés par les forces de sécurité.

Toujours selon l'OSDH, des énormes manifestations ont eu lieu à Homs, bastion de la contestation, où la sécurité a ouvert le feu. Six personnes ont péri.

Dans cette ville, les corps de cinq personnes arrêtées dans la nuit ont été retrouvés.

Dans la région de Homs, cinq membres des forces de sécurité ont été tués par des déserteurs à un barrage dans la région de Houla. Et deux civils et deux soldats dissidents ont été tués dans une embuscade tendue par les forces armées près de Tal Kalakh, à la frontière libanaise, a indiqué l'OSDH.

À Douma, plus 60.000 personnes ont manifesté, selon l'OSDH, qui a précisé que les forces de sécurité avaient fait usage de bombes à clous et de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, blessant 24 d'entre eux.

Les forces de l'ordre ont également ouvert le feu sur des manifestants à Damas, tuant une personne, selon l'OSDH.

Un civil a été également tué à Deir Ez Zor (nord-est) et deux autres à Tal Kalakh.

À Alep (nord), relativement peu touché jusqu'à présent par le soulèvement, des partisans du régime ont «réprimé violemment» une manifestation dans le quartier Salaheddine, selon la même source.

Jeudi, les forces de sécurité avaient tué au moins 25 personnes alors que les observateurs se trouvaient à Hama, Idleb, Homs, Deraa et Douma.

«Nous vous demandons de faire la distinction entre l'assassin et la victime. Notre Révolution (...) est pacifique», ont écrit les militants sur leur page Facebook Syrian Revolution 2011, à l'adresse des observateurs arabes.

Tout en exprimant des doutes sur l'efficacité de la mission, des opposants syriens ont jugé que la présence des experts «assurait en quelque sorte une protection» aux manifestants.

Haytham Maleh, avocat des droits de l'Homme et membre du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l'opposition, a demandé que les observateurs s'acquittent de leurs obligations en «restant dans les villes qu'ils visitent pour protéger les habitants».

Ils doivent «vérifier l'application» par le régime de toutes les clauses de l'initiative arabe, a-t-il dit en jugeant leur nombre insuffisant.

Le plan de sortie de crise de la Ligue arabe prévoit l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse.

L'ONU a jugé «impératif que la mission d'observateurs dispose d'un accès sans restriction et d'une coopération entière du gouvernement syrien et que son indépendance et son impartialité soient entièrement préservées».

Reporters sans frontières a demandé aux observateurs de rendre visite aux «nombreux» professionnels de l'information détenus, et d'exiger leur libération, tout comme celle de l'ensemble des personnes toujours incarcérées».

«Il est également important qu'ils recueillent le témoignage de ceux qui ont été libérés (...) Sinon cette mission d'observation n'aura été qu'une mascarade», estime RSF.

L'opposition et les pays occidentaux accusent le régime de réprimer dans le sang les manifestations alors que les autorités syriennes imputent les troubles à des «bandes terroristes».

Selon l'ONU, plus de 5000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte, à la mi-mars.