Un appel à la grève générale pour accroître la pression sur le régime du président Bachar al-Assad a été bien suivi dimanche dans une partie de la Syrie, où les affrontements entre déserteurs et soldats de l'armée régulière se sont multipliés.

Les commerces sont restés fermés et les rues désertes dans plusieurs régions en réponse à un appel de l'opposition, qui entend entamer par cette grève une vaste campagne de désobéissance civile.

Les violences qui ont fait 55 morts vendredi et samedi selon les militants n'ont cependant pas cessé: deux civils ont été tués dimanche par des tirs à Kafar Takharim, dans la province d'Idleb, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un adolescent de 16 ans a aussi été tué par les tirs de la Sécurité à Tafas dans la province de Deraa, selon la même source.

Deux civils ont été tués dans la ville de Homs (centre), dont la communauté internationale s'inquiète tout particulièrement, et encerclée par de nombreux chars et des milliers de soldats, selon des militants qui redoutent «un massacre» imminent.

16 personnes ont été blessées par les tirs de mitrailleuses lourdes dans le quartier de Deir Baalbé à Homs, et cinq autres l'ont été lors de perquisitions menées par la Sécurité à Qatana, dans la province de Damas.

Parallèlement, de violents affrontements ont opposé des déserteurs et l'armée régulière dans la province d'Idleb, où deux véhicules de transports de troupes ont été incendiés, et dans celle de Deraa, où «trois chars de l'armée ont été incendiés et plusieurs personnes blessées», selon l'OSDH.

La grève a été «très largement suivie» dans la province de Deraa ainsi que dans la plupart des localités de Jabal al-Zaouia à Idleb, près de la frontière turque, a rapporté l'OSDH, citant des militants sur place.

Près de Damas, les forces de sécurité ont tenté d'ouvrir de force les magasins à Harasta. Elles ont procédé à des arrestations dans cette ville et à Douma, où la grève était observée à 90%, selon l'OSDH et des militants.

À Homs, un bastion de la contestation dans le centre du pays, «la grève a été suivie à 100% dans les quartiers opposés au régime», selon l'OSDH. Des images vidéos diffusées par des militants ont montré des rues complètement désertes.

Des militants pro-démocratie ont signalé sur internet que la grève était suivie dans plusieurs quartiers de Damas, mais la vie suivait son cours normal dans le centre de la capitale, selon une journaliste de l'AFP.

Le dimanche est un jour ouvré en Syrie, où le repos hebdomadaire est observé le vendredi et le samedi.

«La plupart des facultés de l'Université de Damas, notamment celles de médecine, d'ingénierie informatique, et d'économie, ont observé la grève», selon les Comités locaux de coordination (LCC), un des groupes qui organisent les manifestations sur le terrain.

Selon eux, cette grève constitue le lancement d'une campagne de désobéissance civile qui doit se poursuivre sous d'autres formes: fermeture de routes, sit-in, grèves dans les universités ou les transports, coupures volontaires des téléphones portables...

Refusant toujours de reconnaître l'ampleur du mouvement, le régime de M. Assad a appelé les citoyens à voter en nombre lors des élections municipales prévues lundi, tout en continuant de tenter de faire taire la contestation par la force.

Un médecin qui soignait les militants blessés, Ibrahim Osmane, a été tué samedi par des tirs des services de la sécurité de l'air, à la frontière turque, selon l'OSDH et les LCC.

Trois hommes arrêtés il y a quelques jours dans la province de Hama (centre) ont été retrouvés morts dimanche, selon les militants.

Et un jeune homme de 27 ans qui s'était réfugié au Liban après avoir été touché à la tête par un tir a succombé à ses blessures dimanche, selon des sources médicales libanaises.

Le président du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la plupart des courants de l'opposition du pays, Burhan Ghalioun, a déclaré vouloir préserver les institutions du pays.

«L'opposition n'est plus prête à négocier avec des assassins», a-t-il rappelé dans un entretien à l'hebdomadaire Der Spiegel daté de lundi. «Mais elle est prête à parler aux fonctionnaires civils et militaires qui ne représentent pas le régime, mais les institutions», a-t-il poursuivi.

«Nous ne voulons pas refaire les erreurs qui ont été commises en Irak, nous voulons que les institutions publiques, et avec elles l'ordre et la paix sociale, soient conservées», a-t-il insisté.

La répression en Syrie a déjà fait selon l'ONU au moins 4000 morts depuis mars.