Le Yémen s'est doté mercredi d'un gouvernement d'entente nationale, dirigé par le chef de l'opposition Mohamed Basindawa et appelé à gérer la transition dans ce pays, éprouvé par dix mois de crise.

Le cabinet, formé de 34 ministres représentant à parité l'opposition et le Congrès populaire général (CPG) au pouvoir jusqu'ici, sera en poste pour la période intérimaire précédant le départ du président Ali Abdallah Saleh, prévu en février selon un accord de sortie de crise conclu le 23 novembre à Riyad.

Selon le décret publié par l'agence officielle Saba, les ministres sortants des Affaires étrangères et de la Défense, respectivement Abou Bakr al-Kourbi et Mohamed Nasser Ahmed, des proches du président Saleh, ont été reconduits dans leurs fonctions.

En revanche, le ministère de l'Intérieur a été confié à Abdelqader Qahtane, un ex-chef de la section locale d'Interpol, considéré comme proche du parti de l'opposition islamiste Al-Islah. Un membre de ce parti, Mohamed Saïd al-Saadi, a été désigné ministre du Plan et de la Coopération internationale.

Mme Houria Machhour, porte-parole du Conseil national, une coalition de l'opposition, a été nommée ministre des Droits de l'homme, alors que deux opposants indépendants, Sakher al-Wajih et Ali Ahmed al-Amarani, ont été désignés respectivement ministre des Finances et de l'Information.

«La formation du gouvernement (...) est un signe positif, qui porte à l'optimisme», a déclaré un porte-parole de l'opposition, Mohammed Qahtane.

Il a espéré que le nouveau cabinet aidera à «sortir le pays du tunnel», soulignant toutefois que l'insécurité, qui persiste malgré l'accord entre régime et opposition, «figurera en tête des préoccupations des nouvelles autorités intérimaires qui oeuvreront à rétablir la sécurité et la stabilité dans les provinces» du Yémen.

Le vice-ministre sortant de l'Information, Abdo Janadi, a pour sa part émis l'espoir de voir le nouveau cabinet «travailler avec sincérité pour remettre sur la bonne voie l'économie et la sécurité» dans le pays.

Cela suppose «des efforts sincères de la part des partis» de la nouvelle coalition gouvernementale, a ajouté M. Janadi, un fidèle du président Saleh.

M. Basindawa, président du Conseil national, avait été chargé le 27 novembre par décret de former un gouvernement d'entente nationale.

Le premier ministre désigné a, un temps, fait partie de l'administration de M. Saleh. Natif d'Aden, dans le sud du Yémen, il avait été notamment ministre des Affaires étrangères avant de rompre, il y a dix ans, avec le CPG.

Le nouveau gouvernement devra prêter serment devant le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, responsable de la période intérimaire, en vertu de l'accord de Riyad.

Conformément à cet accord, M. Hadi a également convoqué une élection présidentielle anticipée pour le 21 février 2012, à l'expiration de la période de transition.

M. Hadi, un homme de consensus, devrait être le seul candidat, et son mandat de deux ans servira notamment à élaborer une Constitution et à préparer des élections présidentielle et législatives pour le Yémen de l'après-Saleh.

M. Hadi a également formé une commission militaire de 14 membres qui, sous sa présidence, a pour mission de restructurer les forces de sécurité, contrôlées en partie par des proches du président Saleh, et de retirer les armes des rues, selon l'accord de Riyad.

Élaboré par les monarchies du Golfe, cet accord prévoit le départ de M. Saleh, 69 ans dont 33 passés au pouvoir, dans un délai de 90 jours en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches.

Les jeunes protestataires, qui campent dans la rue depuis février, appellent à des poursuites contre le chef de l'État pour la répression violente de la contestation.