Les États-Unis et la Turquie «perdent patience» face au régime de Bachar al-Assad, qui n'est pas seulement une source d'instabilité en Syrie, mais menace «d'attiser» les conflits dans la région, a déclaré le vice-président américain Joe Biden en visite en Turquie.

«Nous avons évoqué la répression brutale en Syrie, sujet sur lequel nous sommes sur la même ligne, avec la Turquie: nous perdons patience et nous demandons au président Assad de se retirer», a déclaré samedi, au lendemain d'une rencontre avec le président Abdullah Gül, M. Biden, lors d'une conférence à Istanbul.

M. Biden a souligné «sa conviction, que partagent les Turcs, qu'Assad et son régime sont actuellement la source d'instabilité en Syrie et posent le plus grand risque d'attiser les conflits confessionnels, pas seulement en Syrie, mais au-delà», a rapporté par ailleurs son service de presse, rendant compte d'une discussion informelle avec des journalistes dans l'avion qui transportait le responsable américain d'Ankara à Istanbul, vendredi soir.

Le vice-président a également évoqué le sujet samedi avec le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui, convalescent après une opération à l'intestin, l'a reçu à sa résidence privée de la rive asiatique d'Istanbul.

«Le vice-président a exprimé la conviction que le président Assad et les gens autour de lui sont à l'origine des problèmes (...) car ils tuent leur propre peuple et qu'il y a un consensus de plus en plus fort sur la nécessité du départ d'Assad», a indiqué à la presse Tony Blinken, conseiller de M. Biden pour les questions de sécurité.

Les États-Unis et la Turquie ont indiqué craindre une guerre civile en Syrie, où 4000 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation en mars, selon l'ONU.

La Turquie, qui accueille environ 7.500 réfugiés syriens, s'inquiète par ailleurs des répercussions de la crise syrienne sur son sol, les deux pays voisins comptant d'importantes minorités ethniques et confessionnelles très proches.

Certains membres de la communauté alévie de Turquie sont proches de la minorité alaouite de Syrie, une branche de l'islam chiite à laquelle appartient le président Assad. Turquie et Syrie ont par ailleurs chacune une importante minorité kurde, et Ankara lutte depuis 1984 contre une rébellion kurde.

M. Biden a par ailleurs estimé que l'Iran est de plus en plus isolé dans la région, selon M. Blinken.

«Le vice-président a estimé que l'influence iranienne dans la région décroît et que l'isolement iranien augmente du fait des actes scandaleux» commis par l'Iran, citant son «refus de se mettre en règle avec son programme nucléaire, ses violations du traité de non-prolifération (nucléaire), sa tentative d'assassiner l'ambassadeur saoudien à Washington, l'attaque contre l'ambassade britannique à Téhéran, la menace contre la Turquie et le système de radar de l'OTAN, etc».

Auprès de M. Erdogan, M. Biden «a dressé le constat qu'il faut maintenir la pression sur l'Iran car c'est le meilleur moyen à disposition pour qu'ils modifient leur comportement», a indiqué M. Blinken.

Le général iranien Amir Ali Hajizadeh, commandant des forces aériennes des Gardiens de la Révolution, a averti fin novembre que si l'Iran était menacé, ses forces armées comptaient «d'abord prendre pour cible le bouclier de défense antimissile de l'OTAN en Turquie» avant de passer «à d'autres cibles».

La Turquie a accepté l'an dernier l'installation sur son territoire d'un système radar d'alerte précoce dans le cadre du bouclier antimissile de l'OTAN, destiné, selon les États-Unis, à faire face aux menaces venant du Moyen-Orient, en particulier d'Iran.