Vingt-trois personnes ont été tuées samedi en Syrie, où aucune issue à la crise n'est en vue tant les positions du régime et de l'opposition sont antinomiques et les divisions profondes au sein du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié samedi «d'injuste» et de «politiquement motivée» la résolution adoptée vendredi par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU qui condamne le régime pour sa répression qui a fait 4000 morts, dont plus de 300 enfants, depuis mars.

À Doha, des ministres arabes des Affaires étrangères ont entamé samedi une réunion consacrée au mécanisme d'application de sanctions arabes décidées contre la Syrie pour tenter de pousser le pouvoir à renoncer à la violence.

Mais malgré la multiplication de ce type de sanctions, la répression s'est poursuivie samedi en Syrie avec la mort de 23 personnes, dont 11 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres.

Des affrontements à l'aube à Idleb (320 km au nord-ouest de Damas) entre les forces de l'ordre et des groupes de déserteurs ont fait 15 morts: sept soldats et membres de la sécurité, dont un officier, ainsi que trois civils et cinq déserteurs, selon l'OSDH.

Dans la même région, à Ariha, deux manifestants ont été tués et neuf autres blessés par les services de sécurité qui ont ouvert le feu, a ajouté l'OSDH.

Lors de perquisitions à Tafas, dans la province de Deraa (sud), un civil a été tué et cinq autres blessés par les balles des services de sécurité, selon la même source.

En outre, trois civils ont été tués à Homs (centre): l'un par un tireur embusqué, un autre dans un quartier sunnite très engagé contre le régime et le troisième lorsque la sécurité a pris d'assaut sa maison. Et deux autres civils ont péri sous des tirs de la sécurité à Ar Rastan, à 20 km au nord de Homs.

Vendredi, sept personnes avaient été tuées à travers le pays, où des dizaines de milliers de manifestants avaient défilé contre le pouvoir du président Bachar al-Assad.

L'agence officielle syrienne Sana a annoncé samedi les funérailles de 12 militaires et membres des services de sécurité tués dans la banlieue de Damas «par des groupes terroristes armés».

En visite en Turquie, le vice-président américain Joe Biden a «souligné sa conviction, que partagent les Turcs, que M. Assad et son régime sont actuellement la source d'instabilité en Syrie et posent le plus grand risque d'attiser les conflits confessionnels, pas seulement en Syrie, mais au-delà», a rapporté samedi son service de presse.

Une ligne de partage s'est dessinée au fil des mois entre la majorité du monde arabe et la Turquie d'obédience sunnite, qui soutiennent la révolte conduite par leurs frères de religion majoritaires en Syrie, et un croissant chiite partant de l'Iran, en passant par l'Irak, la Syrie et le Liban qui appuie M. Assad, issu de la minorité alaouite, une émanation du chiisme.

Dans ces pays composés d'une mosaïque de minorités et créés après la Première guerre mondiale sur les ruines de l'Empire ottoman, le sentiment confessionnel prend souvent le dessus en période de crise.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a jugé samedi la résolution du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU «injuste et préparée par les parties hostiles à la Syrie».

«Le rapport de la commission d'enquête est politiquement motivé et est basé sur des informations mensongères propagées par des parties se trouvant hors de Syrie et par des organes de presse malhonnêtes», a ajouté le ministère.

Si cette résolution a été adoptée par l'écrasante majorité de ses 47 membres -- 37 voix pour, 6 abstentions -- 4 voix s'y sont opposées: Cuba, la Russie, l'Équateur et la Chine. Or la Russie et la Chine ont droit de veto au Conseil de sécurité et peuvent bloquer toute résolution contre leur allié syrien.

Le dirigeant du Conseil national syrien (CNS, opposition), Burhan Ghalioun, a appelé samedi à Sofia le Conseil de sécurité de l'ONU à adopter une résolution pour stopper la répression sanglante des civils par le régime de Damas, tout en excluant une intervention militaire.

«Ce que nous demandons au Conseil de sécurité, ce sont plutôt des mécanismes de protection des citoyens innocents», a-t-il dit.