Quelque 7000 personnes, dont de nombreux étrangers, sont détenues dans des centres de détention contrôlés par les milices des «brigades révolutionnaires», indique un rapport de l'ONU.

Des femmes et des enfants figurent parmi les détenus et certains auraient été torturés, selon ce rapport du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon diffusé avant une réunion lundi du Conseil de sécurité sur la reconstruction de la Libye après la mort du dictateur Mouammar Kadhafi.

Les prisonniers politiques du régime de Kadhafi ont été libérés, mais les quelque 7000 nouveaux détenus n'ont pas accès à des tribunaux «en l'absence d'une police et d'une justice en état de fonctionnement», selon ce rapport.

Le document souligne que des ressortissants de pays d'Afrique sub-saharienne accusés ou soupçonnés d'avoir été des mercenaires de Kadhafi représentent un grand nombre des détenus.

«Certains détenus auraient été soumis à la torture ou à des mauvais traitements. Des cas ont été signalés d'individus pris pour cible en raison de la couleur de leur peau», explique le rapport de M. Ban Ki-moon.

Les «brigades révolutionnaires», d'origine largement tribales, se sont unies pour forcer le colonel Kadhafi à quitter le pouvoir mais elles ont maintenu un contrôle significatif dans leurs propres régions, selon des diplomates et des responsables de l'ONU.

Le rapport de l'ONU souligne que le Conseil national de transition (CNT) a commencé à prendre le contrôle sur les milices mais «beaucoup reste à faire pour régulariser les mises en détention, prévenir les abus et libérer ceux dont la détention ne doit pas être prolongée».

Le document prend comme exemple Tawerga, dont les habitants ont été accusés de prendre le parti de Kadhafi lors du siège de la ville proche de Misrata.

«Les habitants de Tawerga auraient été pris pour cible par instinct de revanche» et «certains auraient été exécutés en détention», souligne le rapport.

L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a indiqué qu'elle avait parlé de ces problèmes à Tripoli cette semaine avec le chef du CNT Mustafa Abdel Jalil de même que le premier ministre de transition Abdel Rahim al-Kib.

Elle a souligné qu'elle avait visité à Tripoli un charnier de victimes du régime de Kadhafi et le camp de Sidi Bilal pour immigrants africains expulsés de leurs maisons.

Ces travailleurs du Nigeria, Ghana, Mali et d'autres pays d'Afrique de l'Ouest ont été «traumatisés, battus, volés et agressés pendant les violences», a-t-elle dit à des journalistes.

«Bien que nous ayons vu des signes de progrès vraiment prometteurs, il y a néanmoins, partout en Libye, des souvenirs du passé violent», a-t-elle dit.