Les Frères musulmans libyens, réprimés sous l'ancien régime, ont annoncé dimanche soir s'être dotés d'une nouvelle direction pour «faire face aux exigences» de la Libye post-Kadhafi.

À la fin de son premier congrès public sur le territoire libyen, la confrérie a élu Béchir al-Kobti «responsable général», a annoncé lors d'une conférence de presse son prédécesseur, Souleimane Abdel Kader. Le conseil consultatif du groupe a également été renouvelé.

M. al-Kobti est originaire de Benghazi, le berceau du soulèvement qui a abouti à la chute de Mouammar Kadhafi. Il vivait depuis 33 ans aux États-Unis et est rentré en Libye il y a six mois.

«La nouvelle étape a sans aucun doute ses exigences», a-t-il déclaré à la presse, en appelant à l'établissement d'«un Etat moderne, basé sur les institutions, un État de droit».

M. al-Kobti a indiqué que contrairement aux islamistes en Tunisie et en Égypte, les deux pays voisins ayant aussi vécu un soulèvement populaire, les Frères musulmans libyens ne comptaient pas pour l'instant former de parti, mais qu'ils invitaient leurs membres à participer à la vie politique.

«La confrérie ne formera pas de parti politique propre aux Frères, mais elle encourage et invite ses membres à participer avec d'autres patriotes à l'édification d'un parti patriotique ayant l'islam pour référence», a indiqué M. al-Kobti.

«Les lois dans ce pays, en tant que pays islamique, ne doivent pas être en contradiction avec la charia islamique» et la charia doit être «la source principale de la législation», a-t-il expliqué à la demande des journalistes.

«Le choix de la confrérie est de ne pas être un parti politique», a-t-il répété, en estimant que cette décision était la plus adaptée à la période actuelle.

«L'établissement d'un État moderne passe avant la formation d'un parti. La concurrence politique est une étape pour plus tard», a expliqué M. Abdel Kader.

La confrérie a ouvert jeudi soir son premier congrès public en Libye, où toute activité politique était durement réprimée sous Mouammar Kadhafi.

Ses membres se réunissaient sporadiquement sur le territoire libyen mais en secret, de peur de représailles. Ils organisaient en revanche des congrès publics à l'étranger.

Les islamistes libyens, qui disent vouloir promouvoir un islam modéré, sont une force politique montante depuis la chute du régime Kadhafi.