Le Conseil de sécurité de l'ONU a reporté d'une semaine une réunion qu'il devait tenir lundi sur le Yémen, où le président Ali Abdallah Saleh refuse toujours de signer un plan de sortie de crise prévoyant son départ.

«La réunion du Conseil de sécurité a été reportée au 28 novembre à la demande des protagonistes», a déclaré à l'AFP l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar, arrivé le 10 novembre à Sanaa et qui a prolongé sa mission.

Le Conseil de sécurité avait adopté à l'unanimité le 21 octobre une résolution condamnant les attaques menées contre les manifestants par les forces gouvernementales et apportant leur soutien au plan du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui prévoit le départ du président Saleh.

Un dirigeant de l'opposition qui a requis l'anonymat a affirmé à l'AFP que «le report est intervenu à la demande du régime qui cherche à gagner du temps et à désorienter les médiateurs».

Malgré des manifestations quasi-quotidiennes contre son régime depuis janvier, M. Saleh refuse de signer le plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe en consultation avec les États-Unis et l'Union européenne.

Selon le dirigeant de l'opposition, M. Benomar et les ambassadeurs à Sanaa des cinq membres permanents du Conseil de sécurité «mènent depuis samedi des contacts tous azimuts avec les autorités et l'opposition pour rapprocher leurs positions».

Mais «ces efforts butent sur le transfert des prérogatives du chef de l'État au vice-président, M. Saleh insistant à garder certaines de ces prérogatives jusqu'à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée», d'après lui.

Samedi, M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, a affirmé qu'il confierait le pays à l'armée s'il venait à quitter le pouvoir.

Pour sortir de l'impasse, l'émissaire de l'ONU avait lors d'une précédente mission soumis aux parties un mécanisme d'application qui prévoit notamment un transfert de pouvoir au vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi et une restructuration des forces armées et de sécurité, dirigées par des proches de M. Saleh.

«L'ambassadeur américain Gerald Feierstein a présenté samedi une nouvelle proposition pour aller de l'avant avec le mécanisme d'application», a indiqué l'opposant sans plus de détail.

Un diplomate occidental, qui a requis l'anonymat, a indiqué pour sa part à l'AFP que les médiateurs tentaient de négocier un accord entre M. Saleh, son fils Ahmed, commandant de la Garde républicaine, et leurs deux principaux adversaires: le général Ali Mohsen al-Ahmar, rallié à la contestation, et le dignitaire tribal cheikh Hamid al-Ahmar, dirigeant du parti islamiste Al-Islah (opposition).

Les hommes du général Ahmar et du cheikh Amar sont déployés massivement à Sanaa et des combats les opposent par intermittence aux unités fidèles à M. Saleh.

Selon ce diplomate, un tel accord est l'un des trois scénarios possibles au Yémen. Le deuxième est le maintien du statu quo, qui «sert les seigneurs de la guerre, qu'ils soient dans le pouvoir ou dans l'opposition», la dernière option possible étant «un glissement du pays vers la guerre, M. Saleh étant convaincu qu'il a l'avantage militaire», a-t-il estimé.

Selon des statistiques compilées par les protestataires, la répression des manifestations depuis janvier a fait au total au moins 955 morts et 25 000 blessés.