Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniront à Rabat le 16 novembre, a annoncé dimanche Alger, pour décider du sort de la Syrie, menacée d'une suspension de l'organisation panarabe.

Cette réunion coïncide avec un forum dans la capitale marocaine, qui réunira les pays arabes et la Turquie, inquiète des troubles meurtriers qui secouent depuis huit mois son voisin et partenaire économique.

«Nous avons décidé d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe le 16 novembre à Rabat sur la Syrie en marge du Forum Turquie-pays arabes», a annoncé le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères Amar Belani.

Il a précisé que cette réunion devait faire le point sur la mise en oeuvre d'un plan d'apaisement en Syrie décidé le 2 novembre lors d'une réunion ministérielle de la Ligue arabe.

Ce plan prévoyait notamment le retrait des forces armées des villes en proie à la contestation du régime de Bachar al-Assad et la libération des manifestants arrêtés depuis le début des violences, qui ont fait plus de 3500 tués, selon un bilan admis par l'ONU.

Samedi, lors d'une réunion au Caire, les ministres de la Ligue ont annoncé que la Syrie allait être suspendue à compter du 16 novembre des instances de l'organisation pour ne pas avoir mis en oeuvre ce plan d'apaisement. Cette mesure a été votée par 18 pays sur les 22 que compte la Ligue.

La Syrie a contesté cette décision de suspension, qui n'a pas été acceptée par le Liban, l'Irak et le Yémen, mais a été soutenue notamment par les riches monarchies du Golfe, dont l'Arabie Saoudite et le Qatar.

Dimanche, le ministre algérien des Affaires Étrangères Mourad Medelci a évoqué la possibilité de reconsidérer cette suspension de la Syrie si Damas se conforme au plan arabe du 2 novembre.

«La suspension de la Syrie est temporaire et nous pourrons la lever le plus rapidement possible», avait-il dit.

«Pourquoi pas avant le 16 de ce mois?», a-t-il ajouté, en présence de son homologue égyptien Mohammed Kamel Amer.

M. Belani a toutefois souligné que «si les ministres estiment que le gouvernement syrien n'a pas commencé à mettre en oeuvre le plan arabe, ils constateront formellement une carence et appliqueront le gel de la présence syrienne au sein de la Ligue arabe».

La Ligue a également appelé samedi au «retrait des ambassadeurs arabes à Damas», mais a laissé cette décision «à la discrétion de chaque État souverain».

M. Medelci a précisé que son pays avait «décidé de ne pas retirer son ambassadeur de Damas». «Il est plus important aujourd'hui de renforcer les relations algéro-syriennes pour pouvoir appliquer le plan arabe», a-t-il expliqué.

Quatre monarchies du Golfe: l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït, et Bahreïn, ont retiré leurs ambassadeurs de Damas.

Pour le ministre égyptien, M. Amr, qui a rencontré dimanche le président algérien Abdelaziz Bouteflika, «le but de l'Algérie et de l'Égypte est d'éviter une intervention étrangère sous quelque parrainage que ce soit».

La réunion du 16 novembre se tiendra en marge de la quatrième édition du Forum de coopération arabo-turque, dont le ministère marocain des Affaires étrangères a annoncé la tenue dimanche. Le ministre turc des Affaires Étrangères Ahmet Davutoglu doit y participer.

Alliée politique de la Syrie avant les troubles, la Turquie a vivement condamné la répression dans ce pays, et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'il a coupé les ponts avec le régime de Damas.