Les forces syriennes ont posé des mines terrestres le long de la frontière avec le Liban pour empêcher les Syriens d'échapper à la répression sanglante du soulèvement populaire par le régime de Bachar El-Assad, ont rapporté des responsables et des témoins, mardi.

Un Syrien qui a marché sur une mine et dont le pied a dû être amputé serait la première victime de ces mines, selon un médecin de l'hôpital libanais où l'homme a été soigné. Ce dernier a été blessé dimanche près du village libanais d'Irsal. Le médecin a requis l'anonymat par crainte de représailles des autorités.

La fuite des Syriens vers le Liban et la Turquie est embarrassante pour Bachar El-Assad, dont le gouvernement est de plus en plus contesté. Le week-end dernier, le président syrien a affirmé que le Proche-Orient brûlerait si les forces étrangères intervenaient dans le conflit en Syrie.

Un responsable syrien au fait de la stratégie gouvernementale a souligné que les mines antipersonnel avaient été installées afin d'empêcher le trafic d'armes vers la Syrie.

Des témoins ont aussi confirmé à l'Associated Press avoir vu, à partir du territoire libanais, des soldats syriens en train de planter des mines au cours des derniers jours. Ils auraient installé les mines dans deux parties du territoire syrien, la province rebelle de Homs et à travers la région de Baalbek, à l'est du Liban.

«La Syrie a adopté une série de mesures pour contrôler ses frontières, dont l'installation de mines», a affirmé ce responsable syrien sous le couvert de l'anonymat.

Plus de 5000 Syriens ont fui vers le Liban depuis le début du soulèvement populaire, en mars.

Les mines terrestres ne sont qu'une preuve parmi d'autres de l'isolement grandissant dans lequel est plongée la Syrie, et témoignent des difficultés du régime depuis les premières échauffourées, il y a huit mois. Le président âgé de 46 ans, un ophtalmologiste formé au Royaume-Uni, s'accroche férocement au pouvoir, bien que le prix en soit élevé. Les Nations unies affirment qu'environ 3000 personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes depuis le début du soulèvement.

La Syrie est un carrefour régional qui partage des frontières avec cinq pays, en plus de liens religieux et ethniques. Son réseau d'alliance s'étend au puissant groupe libanais Hezbollah et à la théocratie chiite au pouvoir en Iran. La Turquie, qui était jusqu'à tout récemment au nombre des alliés de la Syrie, a ouvert ses portes aux militants pro-démocratie et aux déserteurs syriens.

La violente répression menée par les forces du président El-Assad a gravement affecté sa réputation, effaçant tous les espoirs de changements qui ont émergé à son arrivée au pouvoir, en 2000. Bachar el-Assad a plutôt employé les mêmes tactiques qui ont permis à sa famille de garder le contrôle sur la Syrie depuis plus de 40 ans, utilisant la peur et la brutalité de l'armée pour tenter de réduire à néant la révolte populaire contre son régime autoritaire.