Inspirés par les scènes de liesse en Libye après la mort de Mouammar Kadhafi, des manifestants syriens sont à nouveau descendus dans les rues, vendredi, pour demander la fin du régime de Bachar El-Assad.

Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants, faisant au moins 24 morts à travers le pays, selon les Comités de coordination locale. Cela n'a pas empêché les manifestants de scander: «Kadhafi n'est plus là, ton tour arrive Bachar!».

Les Yéménites ont livré un message similaire à leur président, Ali Abdallah Saleh, qui a survécu à une tentative d'assassinat en juin. «Kadhafi est parti, tu es le prochain!», ont chanté les manifestants vendredi.

La rébellion armée qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en Libye, avec le soutien aérien de l'OTAN, semble avoir redonné de la vigueur aux autres soulèvements populaires dans le monde arabe.

La mort brutale du dictateur libyen survient quelques mois après le renversement de Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie et d'Hosni Moubarak en Égypte.

Ces trois soulèvements ont donné de l'espoir aux Syriens. Sur une bannière, vendredi, on pouvait lire : «Ben Ali s'est enfui, Moubarak est en prison, Kadhafi est mort et El-Assad...».

«La mort de Kadhafi fouettera le moral des Syriens», a estimé Mustafa Osso, un militant des droits de la personne en Syrie, lors d'une entrevue téléphonique avec l'Associated Press. «Ça les fera continuer jusqu'à ce qu'ils renversent le régime.»

Les Comités de coordination locale, un réseau militant syrien, ont affirmé que 24 personnes avaient été tuées dans le pays vendredi. Dix-neuf personnes sont mortes à Homs, où l'armée mène des opérations quotidiennes. Trois autres personnes ont été tuées à Hama et sa banlieue, une personne a été tuée dans la province d'Idlib, dans le nord du pays, et une autre à Saqba, en banlieue de Damas.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme, un groupe militant établi à Londres, a de son côté affirmé qu'au moins 15 personnes avaient été tuées à Hama. L'organisme a aussi rapporté de violents combats à Saqba entre des soldats et de présumés déserteurs de l'armée.

À Qusair, près de la frontière libanaise, les forces syriennes ont fermé toutes les mosquées pour empêcher les rassemblements. Les Syriens manifestent habituellement chaque vendredi après la grande prière.

Selon les Nations unies, plus de 3000 personnes ont été tuées par les forces syriennes depuis le début du mouvement de contestation contre le régime de Bachar El-Assad, à la mi-mars.