Le président syrien Bachar al-Assad a émis un décret annonçant la formation d'un comité spécial qui élaborera un projet de nouvelle Constitution pour la Syrie, où la répression a fait six nouvelles victimes samedi au lendemain de manifestations massives à travers le pays.

L'élaboration d'une nouvelle Constitution était l'une des principales revendications de l'opposition au début du mouvement de contestation lancé le 15 mars, mais les opposants ont ensuite exigé le départ du président syrien.

M. Assad a «émis aujourd'hui (samedi) un décret présidentiel stipulant la formation d'un comité national pour l'élaboration d'un projet de Constitution pour la Syrie en vue de son approbation selon les règles constitutionnelles», a annoncé l'agence de presse officielle Sana.

Le comité compte 29 membres, dont Qadri Jamil, un chef du parti communiste qui a présidé la délégation de l'opposition syrienne «modérée» lors d'une récente visite en Russie, et doit achever sa mission d'ici quatre mois.

Un haut responsable du parti Baas au pouvoir, Mohammad Saïd Bkheitane, avait affirmé mardi que la future Constitution, qui devra être adoptée par les deux tiers du Parlement, ferait l'objet d'un référendum.

M. Assad a annoncé plusieurs réformes depuis le début de la contestation, mais ses forces ont parallèlement poursuivi la répression de la révolte.

Les militants pro-démocratie réclament outre la chute du régime, des élections libres et l'annulation de la suprématie du parti Baas qui gouverne le pays depuis plus de 40 ans.

Le 7 octobre, le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays est un allié de longue date de Damas, avait envisagé pour la première fois le départ de M. Assad, estimant que le régime syrien devait engager des réformes ou partir. La Chine a également appelé le pouvoir à accélérer les réformes.

Plus de 3000 civils ont été tués dans la répression, selon l'ONU. Depuis plusieurs jours, des accrochages armés meurtriers ont également lieu entre «déserteurs» et soldats, selon des ONG syriennes.

Le régime accuse de son côté des «bandes terroristes armées» d'être à l'origine des troubles et de la mort des soldats.

Au lendemain de la mort de 12 manifestants vendredi, six personnes ont encore été tuées samedi par les forces de sécurité qui ont mené des perquisitions et des arrestations notamment à Homs (centre), Deir Ezzor (est) et dans la région d'Idleb (nord-ouest), selon des militants.

«Un militant de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Ziad Rafiq al-Obeidi, a été tué ce matin (samedi) alors qu'il était pourchassé par les services de sécurité» à Deir Ezzor, a indiqué l'OSDH, basée au Royaume-Uni.

M. Obeidi, 42 ans, «était un des militants de l'OSDH les plus en vue à Deir Ezzor et un des militants de la révolution syrienne». L'ONG précise qu'il «s'était caché depuis août dernier, quand les forces armées étaient entrées dans la ville».

«À Homs, l'armée a ouvert le feu à toutes les entrées du quartier Nazihine, causant la mort d'un jeune homme qui se rendait à son travail», a affirmé l'OSDH qui fait état en outre de deux autres tués dans la ville et d'un troisième, un jeune homme de 18 ans, dans la localité de Talbisseh dans la région de Homs.

Et «à Damas, un jeune homme a été tué samedi à la mi-journée par des tirs des forces de sécurité sur le cortège funèbre de l'enfant Ibrahim Cheibane (mort la veille lors de la dispersion d'une manifestation) auquel participaient plus de 10 000 personnes», ont pour leur part indiqué les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations sur le terrain. Cinq personnes ont été blessées.

Parallèlement, dans la région d'Idleb, proche de la frontière turque, «les forces de sécurité procèdent depuis l'aube à des perquisitions et des arrestations dans la localité de Kfar Noubol et ses environs à la recherche d'un agent du renseignement qui a déserté», selon l'OSDH. Cette campagne s'est soldée par «31 arrestations pour le moment», a précisé l'ONG.

Sur le plan diplomatique, les ministres arabes des Affaires étrangères se rencontrent dimanche au Caire pour examiner la situation en Syrie.