De violents combats de rue ont fait rage vendredi dans le centre de Syrte, mais la «grosse opération» des forces du nouveau pouvoir libyen ne leur a pas encore permis de venir à bout de la résistance des partisans du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi.

«La fin de la guerre est très proche» en Libye, a assuré le ministre libyen de la Défense, Jallal al-Digheily. «Il existe encore des poches de résistance, mais cela ne va pas durer», a-t-il ajouté, en référence essentiellement à Syrte et à l'oasis de Bani Walid.

À Syrte, après de puissants tirs de barrage à l'artillerie et à la roquette à l'aube, des centaines de combattants du Conseil national de transition (CNT), sont entrés par l'ouest dans la ville dans des colonnes de pick-up lourdement armés, selon un journaliste de l'AFP.

D'autres combattants sont entrés par l'est et par le sud, selon les commandants. «Nous avons l'ordre de terminer la mission aujourd'hui», a affirmé un combattant du CNT, Faisal Asker.

Des avions de l'OTAN survolaient la zone, secouée par le vacarme des mitrailleuses et des déflagrations. «Il y a une grosse opération aujourd'hui», a déclaré à l'AFP un autre commandant sans pour autant mentionner d'assaut final.

Les combats se sont concentrés autour du Centre de conférence Ouagadougou et de l'université, deux places fortes des partisans de l'ex-régime au coeur de cette ville côtière à 360 km à l'est de Tripoli.

En fin de journée, le commandant pro-CNT Nasser Abou Zian a reconnu l'échec de l'offensive sur le Centre de conférence, expliquant que la plupart de ses combattants avaient dû se retirer sous le feu des roquettes et des tireurs embusqués.

«Nous les entourons dans le centre de la ville, dans une zone d'à peine quelques kilomètres carrés», a-t-il assuré.

Selon plusieurs combattants, l'offensive a cependant permis la prise d'un complexe de 700 appartements près du Centre de conférence.

Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat pour l'ensemble de la ville, mais le Conseil militaire de Misrata, chargé du front ouest de la ville, a annoncé 11 morts et 193 blessés dans ses rangs.

Dans le va-et-vient incessant des ambulances, l'hôpital de campagne installé à l'ouest de Syrte dans un bâtiment délabré a connu des scènes de chaos tout au long de la journée, les médecins s'affairant autour des nombreux blessés pendant que des combattants pleuraient leurs camarades tués.

Les pro-CNT ont entamé leur quatrième semaine de siège à Syrte où ils avancent très lentement face aux pro-Kadhafi.

Le dirigeant déchu, en fuite depuis la chute le 23 août de son QG à Tripoli, ne se résigne pas. Dans un message sonore diffusé jeudi par la chaîne Arraï en Syrie, il a appelé les Libyens à manifester «par millions» contre le CNT.

«Je leur dis n'ayez peur de personne, vous êtes le peuple, vous appartenez à cette terre. Faites entendre votre voix contre les collaborateurs de l'OTAN», a-t-il affirmé dans ce message avec une voix à peine audible.

Plus à l'ouest, un bataillon pro-CNT est arrivé en renfort pour «nettoyer» la ville de Ragdaline, à 130 km au sud-ouest de Tripoli, encore aux mains des pro-Kadhafi, selon les ex-rebelles.

Et le CNT a dépêché un millier d'hommes supplémentaires, avec une centaine de véhicules militaires, à Bani Walid, vaste oasis à 170 km au sud-est de la capitale, où les pro-Kadhafi résistent depuis des semaines.

Le commandant Omar Fifao, posté à une quarantaine de kilomètres de Bani Walid, a annoncé l'envoi d'une délégation pour négocier avec les tribus de la ville, les discussions étant prévues vendredi ou samedi.

«Nous avons demandé une réunion afin de pouvoir entrer à Bani Walid sans combat, mais s'il n'y a pas d'accord, nous n'aurons d'autre choix que d'attaquer», a-t-il déclaré à l'AFP, en évoquant un délai de «deux jours».

Des milliers d'habitants de Bani Walid ont fui la ville depuis plusieurs semaines, mais l'exode se poursuit. Selon le commandant Omar Binma, «entre 50 et 80 voitures transportant des familles sortent tous les jours de Bani Walid».

Malgré les combats, la relance de la production pétrolière libyenne, qui était de 1,6 million de barils par jour (b/j) avant le conflit lancé le 15 février et avait quasiment cessé, semble efficace, avec déjà 35 .000 b/j, selon le Middle East Economic Survey (MEES).