Un homme se présentant comme Moussa Ibrahim, porte-parole du régime déchu du colonel Kadhafi, a démenti samedi avoir été capturé par les combattants du nouveau régime libyen, lors d'une intervention par téléphone diffusée en direct par la télévision Arraï basée en Syrie.

«Cette information est un mensonge et ne reflète pas la réalité car j'étais près du front de Syrte avec 23 combattants, nous avons été attaqués pendant plus d'une journée et demie par des rebelles très bien armés. Nous avons eu des morts», a-t-il affirmé, faisant référence aux combats qui se poursuivent depuis deux semaines dans ce bastion loyaliste, et région d'origine de Mouammar Kadhafi, à 360 km à l'est de Tripoli.

«Nous avons pu par la suite nous rendre sur d'autres fronts», a-t-il ajouté.

Jeudi, des commandants du Conseil national de transition (CNT) avaient affirmé avoir arrêté M. Ibrahim, en fuite depuis la chute de Tripoli aux mains des ex-rebelles avec la prise du QG de Mouammar Kadhafi. Mais sa capture avait été démentie le lendemain par un site internet pro-Kadhafi.

«Moussa Ibrahim n'a pas été arrêté, il s'agit d'une rumeur mensongère destinée à détourner l'attention des mouvements des rebelles (...) et de leur échec face à la force des héros de Syrte», avait affirmé le site de la chaîne de télévision Allibiya, qui a arrêté d'émettre depuis la chute de Tripoli en août.

Plusieurs sources au sein des nouvelles autorités libyennes avaient affirmé ces dernières semaines que Moussa Ibrahim se trouvait dans l'oasis de Bani Walid, encerclé par les forces anti-Kadhafi. Ce bastion du régime déchu situé à 170 km au sud-est de Tripoli résiste lui aussi à l'offensive des forces du CNT.

M. Ibrahim, qui s'exprime régulièrement sur la chaîne Arraï, a d'autre part affirmé que «Bani Walid a été totalement nettoyée et les corps des agents de l'OTAN (les combattants du CNT, NDLR) gisent aux abords de la ville et dans les montagnes».

«Les nouvelles de Bani Walid sont excellentes, Bani Walid (signifie) la mort (pour les forces du CNT), les hôpitaux sont pleins» de combattants anti-Kadhafi, a-t-il ajouté.

Quant à la situation à Syrte, il a fait état de «bombardements violents à l'aide de chars et de roquettes Grad (...) ayant détruit des quartiers entiers et des maisons (...) forçant des centaines d'habitants à quitter la ville».

M. Ibrahim a en outre fait état d'incursions des combattants pro-CNT «dans des villages poussant des tribus entières au départ».

Il a d'autre part dit avoir «contacté personnellement des médias et des organisations internationales les appelant à entrer dans Syrte pour voir» de leurs propres yeux «mais voilà un mois que ça dure et jusqu'à présent personne n'est venu, pourquoi? C'est clairement un complot».

Quant à la situation samedi à Syrte, il a affirmé que «selon les dernières informations (...) les combattants (pro-Kadhafi) ont mené une attaque qualitative à l'est de la ville, repoussant les forces (pro-CNT) de plusieurs kilomètres».

«Les fronts sud et nord vont bien, nous nous attendons à une intensification des combats (...) à partir de demain sur les fronts ouest et sud, mais nous sommes prêts, nous avons un grand nombre de combattants sur le front ouest», a-t-il ajouté, affirmant d'autre part que les forces du CNT combattent «sur cinq fronts à Syrte appuyés par les avions de l'OTAN et des armes très modernes».

Moussa Ibrahim a d'autre part affirmé que les forces pro-Kadhafi menaient des attaques dans plusieurs régions de l'ouest du pays, notamment Zliten, Tripoli, Aziziya ainsi qu'à Tarhouna dont il a appelé les tribus à envoyer des volontaires aux fronts de Bani Walid et de Syrte.