Le Conseil national syrien, la coalition la plus large et la plus représentative de l'opposition, menait samedi des tractations à huis clos à Istanbul avec d'autres opposants syriens pour tenter d'obtenir leur ralliement alors que les violences s'amplifiaient à travers le pays.

Des discussions ont lieu depuis plusieurs jours avec Burhan Ghalioun, universitaire à Paris et opposant de longue date, ainsi qu'avec des Kurdes et des représentants des tribus, a déclaré à l'AFP Halit Hoca, membre du Conseil national syrien (CNS).

«Quand le CNS se réunira, il s'agira d'une nouvelle assemblée, élargie à tous ces nouveaux courants», a assuré M. Hoca, ajoutant que la réunion du Conseil national, initialement prévue pour samedi, ne pourrait avoir lieu «avant dimanche au mieux», après la fin des pourparlers.

Cette réunion doit permettre en particulier l'élection du président du CNS et de ceux des différentes commissions.

«La composition définitive du Conseil national syrien (...) doit être annoncée dans les deux prochains jours», ont affirmé les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent les manifestations antirégime en Syrie.

Selon des sources diplomatiques à Damas, la montée en puissance du CNS, qui découlerait d'un accord entre Américains, Turcs et Frères musulmans, pourrait fédérer les trois principales tendances: «nationalistes», «libéraux» et «islamistes».

Parallèlement, la répression a fait sept nouvelles victimes, a rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) alors que les violences entre forces de sécurité et déserteurs s'amplifiaient.

Un civil a été tué dans la région d'Idleb (nord-ouest) lors de perquisitions menées par les services de sécurité dans le village de Kafar Zita, selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne.

Dans la province de Homs (centre), où huit civils avaient été tués vendredi par les forces de sécurité, trois personnes ont péri à l'aube dans des affrontements entre militaires et déserteurs à Rastane et le corps d'un jeune homme, arrêté vendredi, a été remis à ses parents à Talbisseh, a indiqué l'OSDH, citant des militants sur place.

Vendredi, les affrontements entre forces de sécurité à déserteurs, devenus une véritable guerre à Rastane se sont étendus à la province voisine de Hama, plus au nord, causant la mort de onze personnes, cinq civils et six militaires.

Deux autres jeunes hommes ont succombé samedi à des blessures causées la veille par des tirs des forces de sécurité à Harasta et à Qodsaya, près de la capitale.

La répression de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad a déjà fait, selon l'ONU, plus de 2.700 morts depuis l'amorce du mouvement à la mi-mars.

En outre, l'OSDH a exprimé des craintes pour la vie d'Anas al-Chougri, un jeune militant qui avait été «à la pointe» de la contestation à Banias (nord-ouest) jusqu'à son arrestation en mai.

«Des informations sûres affirment qu'Anas a été torturé et blessé à la tête dans les locaux des services de sécurité», a dénoncé l'OSDH. «Il y a des craintes qu'il partage le sort de Ghiath Matar», un militant de Daraya (près de Damas) mort récemment sous la torture.

Anas al-Chougri, 23 ans, avait été le premier à appeler les habitants de Banias à «briser le mur de la peur» et à rejoindre la révolte contre le régime syrien, selon l'OSDH.

À Paris, une centaine de personnes se sont rassemblées devant l'ambassade d'Iran à Paris pour dénoncer le «soutien de l'Iran au régime de Bachar al-Assad» et exiger le départ du président syrien.

Sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité de l'ONU tente toujours d'adopter une résolution sur la répression en Syrie, une tâche compliquée par les divisions au sein du Conseil entre la Russie et les Occidentaux.

Les pays occidentaux ont renoncé au mot «sanctions», optant pour le terme «mesures ciblées» dans l'espoir de surmonter l'opposition de Moscou, qui a fait circuler son propre projet de résolution ne contenant pas de menaces de mesures quelconques.