Le ministère bahreïni de la Justice a estimé samedi que le taux de participation aux élections législatives partielles était d'au moins de 51%, contrairement aux attentes de l'opposition chiite qui avait appelé au boycottage du scrutin.

Ces élections visaient à pourvoir les sièges de 18 députés du principal mouvement de l'opposition chiite, Al-Wefaq, qui avaient démissionné pour protester contre la répression à la mi-mars par la dynastie sunnite d'un mouvement de contestation en partie inspiré par le «printemps arabe».

Selon le ministère de la Justice, cité par la télévision d'État, le taux de participation, principal enjeu de la consultation, était d'au moins de 51%.

Le gouvernement avait invité les 187 000 électeurs inscrits à se rendre massivement aux urnes, alors que le chef du Wefaq, cheikh Ali Salmane, avait appelé à faire de samedi «un jour de deuil de la démocratie».

«Comme l'on s'y attendait, l'affluence est faible», a affirmé Matar Matar, ex-député du Wefaq, interrogé dans l'après-midi par l'AFP.

L'affluence était faible en début de journée.

Peu après l'ouverture du scrutin, une dizaine de personnes étaient présentes dans un bureau de vote près du village chiite de Saar, près de Manama.

«Je suis venu parce que c'est mon pays. Je suis sans emploi mais ce n'est pas une raison pour ne pas voter», a affirmé Ali Ahmad Al-Jamri, 34 ans, un électricien chiite au chômage depuis trois ans.

«Si Al-Wefaq s'était présenté, j'aurais sans doute voté pour leur candidat. Mais comme ils ne sont pas là, j'ai fait sans eux», a-t-il ajouté.

Le Royaume de Bahreïn est dirigé par une dynastie sunnite, mais la majorité de sa population est chiite.

Le quotidien Al-Ayyam, proche des autorités, avait affirmé mercredi que le pouvoir envisageait des sanctions contre ceux qui ne participeraient pas au scrutin, qui pourraient se voir exclus de la fonction publique et privés des services publics.

Mais le ministre de la Justice, cheikh Khaled ben Ali al Khalifa, a assuré samedi à la presse qu'il y avait eu «malentendu» et que seules les personnes qui entraveraient le scrutin «en empêchant le vote des électeurs» seraient sanctionnées.

Vingt-deux personnes ont été arrêtées pour avoir tenté d'entraver le scrutin en fermant des routes, endommageant des voitures sur un stationnement près d'un bureau de vote ou en déversant de l'huile devant un autre, a annoncé en soirée le ministère de l'Intérieur.

Au total, 55 candidats étaient en lice pour les 14 sièges restés vacants sur les 40 que compte la Chambre des députés, les quatre autres ayant été déjà attribués d'office en l'absence de concurrents dans les circonscriptions concernées, selon les autorités.

Les élections partielles interviennent alors que l'opposition a recommencé à mobiliser ses partisans sur le terrain. Vendredi soir, les habitants des villages chiites entourant Manama ont éteint les lumières pendant une demi-heure à l'appel du Wefaq, alors que des habitants répétaient «Allah Akbar» depuis les toits, selon des témoins.

Vendredi après-midi, des centaines de jeunes avaient été dispersés à coup de gaz lacrymogènes alors qu'ils tentaient de gagner la Place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation en février/mars, pour protester contre ces élections partielles.

«Des heurts plus violents ont eu samedi avec les forces de police, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de balles à caoutchouc» pour disperser des manifestants voulant marcher de nouveau vers le site de cette place, a déclaré à l'AFP Mohammed Mascati, président de l'Association des jeunes Bahreïnis pour les droits de l'Homme (opposition).

Selon lui, plus de 70 personnes ont été arrêtées par la police lors des heurts de vendredi alors que le ministère de l'Intérieur avait fait état de cinq policiers blessés dans ces affrontements.