L'armée yéménite a lancé dans la nuit de vendredi à samedi une violente attaque contre la place du Changement à Sanaa, foyer de la contestation, tuant au moins cinq protestataires, selon des témoins et une source médicale.

Les forces du président Ali Abdallah Saleh ont lancé peu après minuit une attaque aux différents types d'armes et aux obus contre la place du Changement, où campent depuis fin janvier des protestataires réclamant le départ du chef de l'État, ont indiqué des témoins.

Les protestataires étaient également la cible de tirs de snipers postés dans des immeubles autour de la place, a-t-on ajouté.

«Au moins cinq protestataires ont été tués», a déclaré une source médicale à l'hôpital de campagne établi sur la place du Changement.

Ce bilan porte à 25 le nombre des tués vendredi et à 120 depuis le déclenchement d'une vague de violences dimanche dans la capitale.

Une heure après le début de l'attaque, les forces loyalistes à M. Saleh tentaient de donner l'assaut à la place, pilonnée de toutes les directions, ont affirmé des protestataires sur place.

Des tentes ont pris feu dans le sud de la place, a-t-on ajouté, faisant état d'accrochages entre les forces loyalistes et les troupes d'un général dissident, Ali Mohsen Al-Ahmar, rallié à la contestation en mars.

Des combats se déroulent notamment sur la rue Sittine, jouxtant la place du Changement, non loin de la résidence du vic-président Abd Rabbo Mansour Hadi, ont indiqué des habitants.

Ces combats opposent les troupes du général dissident à des unités de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, dirigé par le fils aîné du président Saleh, Ahmed, a-t-on ajouté.

Simultanément, des accrochages ont repris tard dans la nuit à Al-Hassaba, un autre quartier du nord de la capitale, entre les forces de sécurité et des partisans du puissant chef tribal cheikh Sadek al-Ahmar, selon des habitants.

De même source, on ajoute que des tirs à l'arme automatique et des explosions résonnaient dans le quartier.

Les combats à Al-Hassaba ont fait dans la journée 18 tués et 56 blessés, avait rapporté Al-Sahwa.net, le site d'information du principal parti d'opposition, le parti islamiste Al-Islah (Réforme), dirigé par un homme d'affaires influent, Hamid al-Ahmar, frère de cheikh Sadek.

Ces violences surviennent après le retour surprise vendredi matin du président Saleh à Sanaa, après une absence de plus de trois mois en Arabie saoudite où il a été hospitalisé au lendemain d'une attaque contre son palais le 3 juin.

M. Saleh a appelé peu après son retour à un cessez-le-feu, soulignant qu'il n'y avait «aucune autre solution que le dialogue et les négociations pour arrêter l'effusion du sang et parvenir à un règlement», selon l'agence officielle Saba.