Les habitants de Syrte fuyaient par centaines vendredi la ville assiégée par les combattants anti-Kadhafi venus de l'ouest, sous les tirs parfois meurtriers des fidèles du dirigeant déchu, alors que de nouvelles forces anti-Kadhafi sont entrées dans la ville par l'est.

Au plan politique, le Conseil national de transition (CNT) doit se réunir samedi pour achever les discussions sur la composition du gouvernement de transition.

Parallèlement, le groupe français Total a annoncé qu'il avait repris «ce vendredi» la production de pétrole sur une plate-forme au large de la Libye, ce qui fait de lui la première compagnie étrangère à rouvrir le robinet d'or noir libyen depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi.

«Nous escortions des familles sortant de Syrte et leur convoi a été la cible de tirs» de canons anti-aériens, de lance-roquettes RPG et d'armes de petit calibre des pro-Kadhafi près de la sortie ouest de la ville de Syrte, a indiqué à l'AFP un commandant, Oussama Mouttaoua Soueily. «L'un de nos combattants a été tué, la voiture d'une famille a été détruite» et ses passagers ont vraisemblablement tous péri.

«Nous essayons de faire sortir les familles. On en est entre 400 et 500 voitures par jour. Nous essayons en quelque sorte d'affamer» les pro-Kadhafi, a dit M. Soueily interrogé sur l'arrêt de l'offensive pour la troisième journée consécutive.

Selon ses informations, il n'y a plus ni eau ni électricité à Syrte, les commerces sont fermés et les habitants n'ont plus rien à manger.

En fin de journée, l'hôpital de campagne avait enregistré plus de 700 réfugiés dont certains ont affirmé que les kadhafistes empêchaient les civils de quitter Syrte en installant des sacs de sable et en tirant sur les voitures.

Dans la soirée, plusieurs commandants du front Est ont annoncé l'entrée de leurs troupes dans la ville. «Nos combattants contrôlent maintenant la porte orientale de Syrte», a déclaré le commandant Ahmed Zlitni.

«Ils ont dépassé la porte de deux kilomètres et tiennent des positions. Techniquement, nous pouvons dire que nous sommes entrés à Syrte par l'est», a-t-il précisé à l'AFP, ajoutant que les combattants n'avaient «pas rencontré de résistance» en passant cette porte.

Dans son communiqué quotidien, l'OTAN a indiqué avoir touché jeudi un stock de munitions et des baraquements militaires dans les environs de Syrte.

À Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), autre bastion pro-Kadhafi, se déroulent des affrontements sporadiques, selon un journaliste de l'AFP.

Dans cette vaste oasis, les forces du CNT n'ont enregistré qu'une très petite avancée depuis plusieurs semaines.

Mercredi, ils avaient réussi à prendre le contrôle de Sebha, fief de la tribu des Kadhadfa dont est issu le «Guide» déchu à 750 km au sud-est de Tripoli.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé vendredi, à la suite d'informations diffusées par la chaîne américaine CNN, la présence d'un stock de concentré d'uranium près de Sebha «préalablement déclaré par la Libye à l'AIEA».

À Benghazi (est), siège du CNT, des responsables des nouvelles autorités ont annoncé la tenue samedi d'une réunion sous l'égide du chef du Conseil Moustapha Abdeljalil pour finaliser la composition du gouvernement de transition, reportée dimanche faute d'accord sur l'attribution de plusieurs portefeuilles.

Si l'ex-premier ministre du colonel Kadhafi, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, a été condamné jeudi en Tunisie à six mois de prison pour franchissement illégal de la frontière, le leader déchu, originaire de Syrte, reste lui introuvable depuis la chute de son QG tripolitain de Bab el-Aziziya le 23 août.

Un important général loyaliste arrêté lundi à Sebha a affirmé que Mouammar Kadhafi «l'avait contacté par téléphone il y a une dizaine de jours et qu'il se déplaçait secrètement entre Sebha et Ghat» (à la frontière algérienne), a dit à l'AFP Barka Wardougou, chef de la «brigade du Bouclier du désert», pro-CNT.

Cité par la télévision Arraï basée à Damas, le porte-parole du pouvoir déchu Moussa Ibrahim, en fuite, a de nouveau appelé à la «résistance» faisant état de «victoires qualitatives» notamment à Bani Walid et Sebha.

Au plan économique, Total a annoncé qu'il avait repris «ce vendredi» la production de pétrole sur la plate-forme d'Al-Jurf au large de la Libye - qu'il gère avec la National Oil Corporation (NOC) libyenne et l'entreprise allemande Wintershall.

Pour sa part, la Suisse a annoncé qu'elle levait les sanctions contre deux firmes pétrolières libyennes -- NOC et Zweitina Oil Corporation -- et une aérienne Afriquiyah Airways.

Et l'UE a procédé à un allègement de l'embargo sur les armes et au dégel partiel des avoirs libyens, en application d'une décision de l'ONU, mais des milliards, notamment de la Banque centrale, restent bloqués à titre préventif, ont indiqué des sources diplomatiques.