Le président syrien Bachar al-Assad a signé dimanche une loi sur les médias, dans le cadre des réformes qu'il a annoncées pour juguler la contestation contre son régime, alors que ses opposants ont appelé à une journée mondiale de prière pour les «martyrs».

Dans la nuit de samedi à dimanche, deux civils ont été tués dans la banlieue de Damas et un policier à Homs (centre), tandis que le chef de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, doit se rendre en urgence à Damas porteur d'«une initiative pour résoudre la crise».

La nouvelle loi sur les médias, qui a été promulguée dimanche, assouplit partiellement une législation très répressive.

Selon Elias Mrad, président de l'Union des journalistes syriens, elle supprime les peines de prison auparavant prévues pour les journalistes reconnus coupables d'avoir attaqué «le prestige et la dignité de l'État, l'unité nationale et le moral de l'armée, l'économie et la monnaie nationale».

«Il s'agit d'une loi plus moderne qui donne la possibilité aux médias et aux journalistes syriens de jouer un rôle plus global pour présenter la vérité», a-t-il déclaré à l'AFP.

Toutefois, la nouvelle loi n'autorise qu'une «liberté d'expression responsable», ce qui signifie, selon un analyste cité par le mensuel anglophone Syria Today, que «la liberté sera conditionnelle». En pratique, les journalistes pourront être condamnés à des amendes allant jusqu'à 21 000 dollars pour diffamation.

Ce début de libéralisation de la presse fait suite à d'autres mesures comme la levée de l'état d'urgence ou l'annonce d'une ouverture au pluralisme qui n'ont pas changé la donne sur le terrain, où manifestations et répression se poursuivent sans relâche.

«Désormais (la situation en Syrie) a atteint un tel niveau que tout est trop infime et trop tardif. Nous n'avons plus confiance», a déclaré le président turc Abdullah Gül dans une interview accordée à l'agence turque Anatolia, désavouant encore un peu plus le régime. La Turquie, qui avait pourtant opéré un rapprochement avec son voisin syrien ces dernières années.

La répression a fait deux nouveaux morts civils dans la nuit de samedi à dimanche, tués à Harasta, dans la banlieue de Damas, lorsqu'une manifestation de 2.500 personnes a tenté de sortir de la localité pour marcher sur la capitale, selon l'Observatoire syrien de droits de l'homme (OSDH).

À Homs, un policier a été tué selon l'agence officielle Sana.

Au total, une trentaine de personnes ont été blessées alors que des manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités, selon l'OSDH.

Pour ce dimanche, le collectif «Syrian Revolution 2011» a appelé sur sa page Facebook à une «prière pour les martyrs» dans les mosquées et les églises dans 32 villes autour du monde.

Selon l'ONU, plus de 2.200 personnes sont mortes depuis le début de la contestation il y a un peu plus de cinq mois.

Moscou, allié de M. al-Assad, a annoncé l'envoi lundi à Damas d'un émissaire, vraisemblablement le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, alors que la Russie s'oppose à l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de sanctions  envers le régime.

Le chef de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, doit lui aussi se rendre en urgence à Damas, selon un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche au terme d'une réunion extraordinaire des chefs de diplomatie arabes.

Les ministres «ont demandé au secrétaire général de la Ligue arabe d'effectuer une mission d'urgence à Damas et de transmettre l'initiative arabe pour résoudre la crise à la direction syrienne», selon ce texte.

Le communiqué ne donne aucune précision sur la teneur de cette initiative ni sur les dates de la visite de M. El-Arabi à Damas.

Les ministres ont appelé à «mettre fin à l'effusion du sang et à suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard», exprimant leur «inquiétude face aux développements graves sur la scène syrienne qui ont fait des milliers de victimes et de blessés».

Les chefs de diplomatie arabes ont également appelé à «respecter le droit du peuple syrien à vivre en sécurité et à respecter ses aspirations légitimes à des réformes politiques et sociales».