Les rebelles libyens ont pris lundi le contrôle de trois villes clés sur la route de Tripoli, l'une de leurs plus importantes percées depuis le début du conflit il y a six mois, tandis que la confusion régnait autour de pourparlers en Tunisie.

L'envoyé spécial pour la Libye du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Jordanien Abdel Ilah Khatib, est arrivé lundi à Tunis en annonçant qu'il venait se joindre aux discussions entre responsables du régime et de la rébellion.

A New York, l'ONU a cependant démenti une quelconque participation, assurant ne disposer d'«aucune information concrète concernant des pourparlers qui auraient lieu en Tunisie entre le Conseil national de transition (CNT) et les autorités de Tripoli».

Selon une source proche de la sécurité tunisienne, des pourparlers ont cependant eu lieu dimanche entre rebelles et représentants du régime à Djerba en Tunisie, et une source aéroportuaire a affirmé qu'un jet triple réacteurs sud-africain y était stationné près de deux hélicoptères qataris.

Dans un message sonore diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, Mouammar Kadhafi s'est pourtant montré inflexible: «La fin du colonisateur est proche et la fin des rats est proche (...). Ils n'ont plus qu'à recourir au mensonge et à la guerre psychologique après l'échec de toutes les guerres».

Et à Benghazi, «capitale» des rebelles dans l'Est libyen, le vice-président du CNT, Abdel Hafiz Ghoga, a démenti toute discussion avec le régime, «que ce soit en Tunisie ou ailleurs».

Sur le terrain, les insurgés ont affirmé contrôler la «majeure partie» de Zawiyah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli ainsi que les villes de Gharyane et Sorman, situées respectivement à 50 km au sud et à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne.

Ils resserrent ainsi l'étau autour de Tripoli, bastion du régime de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans et qui fait face depuis le 15 février à une révolte qui s'est transformée en conflit armé.

«Il devient de plus en plus clair que les jours de Kadhafi sont comptés, que son isolement est de plus en plus important chaque jour», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, tandis que la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, annonçait que les États-Unis étaient «très encouragés par la progression des rebelles».

Selon le commandant rebelle Abdoul Hamid Ismaïl à Zawiyah, la bataille, qui a fait rage durant la nuit, a permis aux rebelles de repousser les forces pro-Kadhafi à la périphérie est de la ville. Cinq insurgés ont été tués.

Un correspondant de l'AFP a pu se rendre jusqu'au secteur d'Awlat Jarbo, à deux kilomètres de la porte est de Zawiyah. Il pouvait entendre des bombardements de temps à autre. Selon Mme Nuland, les forces pro-Kadhafi ont bombardé le centre de Zawiyah lundi.

A l'issue d'intenses combats dimanche, les insurgés ont également pris le contrôle de Sorman et de Gharyane, qui, avec leurs garnisons, servaient de rempart à Tripoli.

Selon un porte-parole de la rébellion, les insurgés contrôlent aussi les 15 km de route entre Zawiyah et Sorman, ce qui prive la capitale de sa voie habituelle d'approvisionnement depuis la Tunisie.

A Tripoli, le porte-parole du régime Moussa Ibrahim a reconnu dimanche que des combats avaient lieu à Gharyane et à Sorman, tout en se disant confiant dans la capacité du régime à repousser les attaques.

M. Ibrahim a aussi affirmé que les troupes du régime avaient repris le contrôle de Touarga, localité située à une quarantaine de kilomètres au sud de l'enclave rebelle de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) et prise ces derniers jours par les combattants insurgés.

Sur le front Est, les rebelles contrôlent désormais toute la zone résidentielle dans l'est de Brega, selon un journaliste de l'AFP. Les combats se déroulaient lundi du côté des installations pétrolières dans la partie ouest, où le journaliste pouvait entendre des échanges de tirs d'artillerie.

Constituée essentiellement d'habitations carrées en bord de mer, désormais saccagées, la zone résidentielle a l'allure d'une ville fantôme, jonchée de caisses de munitions éparpillées et des carcasses carbonisées de véhicules militaires.

Dans un effort pour soutenir le pays, les Pays-Bas ont annoncé lundi avoir débloqué 100 millions d'euros d'avoirs libyens gelés pour les mettre à la disposition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour des achats de médicaments à destination de la population libyenne.