Des centaines de milliers de Yéménites ont manifesté vendredi, appelant à la victoire contre les «tyrans», au lendemain de l'annonce par le président Ali Abdallah Saleh de s'en remettre au plan des monarchies du Golfe pour une transition pacifique au Yémen.

«Dieu dans sa grande miséricorde nous accorde la victoire pendant le ramadan», scandaient les manifestants rassemblés sur l'avenue Sittine, dans l'ouest de la capitale Sanaa.

«Révolution, révolution de tous contre les tyrans», ont-il également crié au cours des manifestations du «Vendredi de la victoire», appelant de leurs voeux la création d«'un nouveau Yémen».

Des manifestations similaires se sont déroulées dans la deuxième ville du pays, Taëz, ainsi qu'à Ibb, Hudaydah, Saada, Aden et Marib.

Parallèlement, des dizaines de milliers de partisans du président Saleh se sont rassemblés sur la place Sabiine dans le sud de la capitale, unis autour du slogan «le peuple veut Ali Abdallah Saleh.»

Ils ont déployé des portraits du président yéménite au cours d'une journée qu'ils avaient pour leur part baptisée: journée de «l'alliance nationale pour protéger la légitimité de la Constitution».

M. Saleh, en convalescence à Riyad, a indiqué jeudi s'en remettre au plan des monarchies du Golfe pour une transition pacifique dans son pays, où des protestations populaires réclament depuis fin janvier son départ.

Au pouvoir depuis 1978, M. Saleh avait refusé de signer le plan du Golfe malgré de fortes pressions régionales et internationales.

Ce plan, élaboré en concertation avec les États-Unis et l'Union européenne, prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange d'une immunité.

Le site internet 26sep.net du ministère de la Défense a rapporté vendredi que la ville de Taëz a été le théâtre jeudi d'une attaque d'hommes armés, présumés liés au parti islamiste al-Islah. Citant un responsable de la sécurité, le site indique que ces hommes ont «attaqué un poste de sécurité à Taëz, tuant un membre des forces de sécurité et en blessant un autre».

Deux civils ont également été blessés dans cette attaque qui, selon 26sep.net, «rompt la trêve» à Taëz annoncée mercredi par des sources tribales et officielles.

Des tribus avaient déployé en juin leurs hommes armés à Taëz pour défendre les manifestants hostiles au président Saleh. Ces protestataires sont les cibles d'attaques répétées des forces gouvernementales et leur déploiement a donné lieu à de fréquents heurts avec l'armée.

Une précédente trêve, conclue fin juin, avait volé en éclats avec la reprise début août des accrochages entre les deux parties, qui ont fait des morts dans les deux camps.

Taëz est l'un des foyers actifs du mouvement de contestation de M. Saleh qui poursuit sa convalescence en Arabie saoudite où il était hospitalisé après avoir été blessé dans une attaque à Sanaa le 3 juin.