Cinq mois après le soulèvement qui a mis fin à ses 30 ans de règne autoritaire, l'ex-président Hosni Moubarak doit comparaître mercredi devant un tribunal du Caire pour corruption et pour meurtres.

M. Moubarak, 83 ans, doit comparaître sous haute sécurité devant un juge dans l'enceinte de l'école de police, dans la banlieue du Caire, tout comme ses deux fils Alaa et Gamal. S'il est reconnu coupable de meurtre, il risque la peine de mort.

Le procès doit commencer à 09h00 locales dans un amphithéâtre, où une grande cage à barreaux noirs a été installée pour accueillir les accusés.

L'ancien ministre de l'Intérieur Habib el-Adli, autrefois redouté et toujours haï par une grande partie de la population, ainsi que six hauts responsables de la police seront jugés en même temps.

L'homme d'affaires Hussein Salem, un proche des Moubarak, sera lui jugé par contumace.

Ils sont tous accusés d'avoir détourné des millions de dollars d'argent public et d'avoir ordonné le meurtre de manifestants anti-régime pendant le soulèvement populaire de janvier-février, qui a fait près de 850 morts et abouti à la chute de Hosni Moubarak.

Plus d'un millier de policiers et de soldats seront déployés pour assurer la sécurité du bâtiment. Près de 600 personnes --avocats, familles des victimes, journalistes-- ont été autorisées à assister au procès.

L'ancien chef d'État est en détention à l'hôpital international de Charm el-Cheikh, où il est soigné pour des problèmes cardiaques.

Pendant plusieurs semaines, il semblait entendu que l'ex-président allait être jugé dans cette station balnéaire, jusqu'à ce que le ministère de la Justice annonce, la semaine dernière, qu'il serait transféré au Caire.

Son avocat, Farid al-Dib, va arguer que M. Moubarak est trop malade pour être jugé et qu'il n'a pas autorisé la répression brutale des manifestants.

M. al-Dib a assuré que M. Moubarak souffrait d'un cancer et, la semaine dernière, qu'il était dans le coma, ce que l'hôpital a démenti. L'un de ses médecins a affirmé à l'AFP qu'il était dans un état relativement stable mais qu'il était faible, car il refuse de s'alimenter, et très déprimé.

Ces derniers jours, les ministres de l'Intérieur et de la Santé ont indiqué que les préparatifs étaient en cours pour garantir la présence de M. Moubarak dans le box. Beaucoup d'Egyptiens se disent malgré tout sceptiques, persuadés que l'ex-président se dira trop malade pour être transporté.