L'Europe et les États-Unis vont une nouvelle fois tenter lundi de convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU de condamner la répression meurtrière menée contre l'opposition en Syrie par le régime du président Bachar al-Assad, ont indiqué des diplomates.

Les 15 membres du Conseil de sécurité restent divisés sur la façon de réagir face à la répression des manifestations d'opposition en Syrie. Les pays occidentaux sont partisans d'actions fermes contre les autorités du pays, tandis que la Chine et la Russie menacent de poser leur veto à tout projet de résolution allant dans ce sens.

Le Conseil prévoit de tenir des consultations à huis clos sur la crise en Syrie lundi à 17h, selon un porte-parole de la présidence du Conseil. Cette réunion fait suite à une intervention massive dimanche de l'armée et des forces de sécurité syriennes dans les villes rebelles du pays, qui a fait 139 morts, dont 100 à Hama.

Lors de ces consultations, le sous-secrétaire général aux affaires politiques de l'ONU, Oscar Fernandez-Taranco, informera les ambassadeurs de la situation avant d'entamer les discussions.

Il y a deux mois, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal avaient mis sur la table du Conseil un projet de résolution dénonçant les actions en Syrie. Le texte avait été immédiatement rejeté par la Russie et la Chine, tandis que le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud avaient soulevé de profondes réserves.

Les États-Unis adoptent un ton de plus en plus ferme à l'égard du régime de Bachar al-Assad et le président Barack Obama s'est dit «horrifié» des violences de dimanche. Un porte-parole du département d'État a précisé que les États-Unis envisageaient de leur côté des sanctions contre la Syrie, visant en particulier «le pétrole et le gaz».

«Il est temps pour le Conseil de sécurité de prendre clairement position sur la nécessité de mettre fin à la violence», a pour sa part affirmé la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, dans un communiqué.

«Plus que jamais, dans ce contexte effroyable, la France souhaite que le Conseil de sécurité des Nations unies prenne ses responsabilités en s'exprimant fortement et clairement, comme l'a fait à plusieurs reprises le Secrétaire général des Nations unies», a également lancé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

Un diplomate sous couvert d'anonymat constate cependant que «les morts supplémentaires (de dimanche) ont provoqué une véritable indignation, même le ministre russe des Affaires étrangères les a condamnées». «Mais je ne suis pas sûr que cela soit suffisant pour changer la dynamique du Conseil», a-t-il dit.

Pour certains diplomates, ce blocage au Conseil de sécurité est lié à la situation en Libye. L'usage, par les pays occidentaux, de résolutions du Conseil de sécurité sur la Libye a rendu furieux la Russie, la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud.

Ces derniers ont averti que l'adoption d'une résolution sur la Syrie risquait d'ouvrir la voie à une campagne militaire contre Bachar al-Assad, ce que les responsables européens et de l'Otan ont vivement démenti lundi.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a ainsi déclaré au quotidien français Midi Libre: «en Libye nous menons une opération sur la base d'un mandat clair de l'ONU. Nous avons le soutien des pays de la région. Ces deux conditions ne sont pas remplies pour ce qui est de la Syrie».

Plusieurs des pays opposés à toute résolution sur la Syrie ont des intérêts dans la région. La Russie en tête, qui dispose d'une base navale dans le port de Tartous et souhaite étendre sa présence militaire dans ce pays allié du Moyen-Orient.

L'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil ont indiqué qu'ils projetaient d'envoyer une mission conjointe en Syrie pour discuter de la crise, ont assuré des diplomates.