Les puissantes et influentes tribus du Yémen ont annoncé samedi à Sanaa la création d'une coalition pour défendre le mouvement de protestation, qui réclame depuis six mois la chute du président Ali Abdallah Saleh, absent du pays depuis près de deux mois.

La naissance de «l'alliance des tribus du Yémen» a été annoncée lors d'une cérémonie organisée au quartier général de la 1re division blindée, commandée par le général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, qui avait rallié la contestation en mars, a rapporté un journaliste de l'AFP.

La nouvelle coalition s'engage à faire «triompher la révolte populaire et pacifique des jeunes (...) destinée à faire tomber le régime corrompu que dirigent Ali Abdallah Saleh et les membres de sa famille», selon le texte constitutif.

Ses fondateurs s'engagent aussi à «protéger et à défendre» les protestataires qui observent des sit-in ou manifestent sur les grandes places des villes du Yémen, avertissant que «toute agression ou menace contre ces places (...) sera considérée comme une agression contre les tribus», ajoute le texte.

La coalition tribale, qui s'est dotée d'un comité consultatif de 116 membres parmi les chefs et les dignitaires des tribus, prévoit de «se maintenir après la victoire de la révolution (...) pour coopérer à la création d'un État civil moderne», lit-on encore dans le document.

Le chef de la puissante confédération tribale des Hached, cheikh Sadek al-Ahmar, désigné président de la nouvelle coalition, a promis devant les participants d'empêcher le retour du président Saleh, hospitalisé depuis le 4 juin à Ryad après avoir été blessé dans une explosion dans son palais à Sanaa.

«Ali Abdallah Saleh ne nous gouvernera plus tant que je serai en vie», a lancé cheikh Sadek al-Ahmar dont la puissante tribu, à laquelle appartient la famille du président et qui a longtemps été un pilier du régime, a rallié la contestation, déclenchée fin janvier pour réclamer la chute de M. Saleh.

Depuis, M. Saleh a progressivement perdu le soutien d'une partie de l'armée, mais aussi des principales tribus et de membres du Conseil des oulémas, très influents dans ce pays pauvre et à structure tribale.

Cheikh Ahmar, dont les partisans armés avaient été engagés en mai/juin dans un sanglant bras de fer avec les forces gouvernementales dans un quartier du nord de Sanaa, a annoncé samedi sa solidarité avec les habitants d'Arhab, un village au nord-est de la capitale, où de violents combats entre l'armée et des membres de tribus avaient fait jeudi des dizaines de victimes.

«Notre victoire à Arhab marque notre victoire sur les séquelles du régime de Saleh», a-t-il dit alors que des affrontements se poursuivaient par intermittence autour d'un camp militaire de la Garde républicaine, corps d'élite fidèle au président Saleh.

Un porte-parole de l'armée yéménite avait accusé jeudi des «miliciens» de l'opposition parlementaire, dont le parti islamiste Al-Islah, d'avoir déclenché les hostilités dans le but de «chercher à prendre le contrôle du camp de Samaa, puis de l'aéroport de Sanaa», proche du camp, «dans le cadre d'un plan destiné à (...) prendre le pouvoir par la force», en l'absence du président Saleh.