Les manifestants rassemblés sur la place Tahrir au Caire ont pris à partie samedi un des chefs de l'armée qui tentait de s'adresser à eux, le contraignant à rebrousser chemin, sur fond de tensions croissantes entre contestataires et militaires au pouvoir, selon des témoins.

Le général Tarek al-Mahdi, membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Égypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, a déclaré à la télévision d'État qu'une «minorité» de protestataires l'avait chahuté pendant qu'il faisait un discours, tandis que d'autres avaient tenté de s'interposer pour le protéger.

Des témoins ont raconté que le général avait dû écourter sa visite après avoir été raillé par des manifestants scandant des slogans antimilitaristes.

Un responsable de l'armée a dit à l'AFP que le général Mahdi avait quitté la place Tahrir, théâtre de manifestations à nouveau quotidiennes depuis le 8 juillet, après quelques «protestations» contre sa présence.

Des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans toute l'Égypte, et en particulier sur cette place emblématique du mouvement qui a renversé M. Moubarak, pour pousser le CSFA à des réformes.

Les Égyptiens qui ont participé à cette journée de mobilisation baptisée «vendredi du dernier avertissement» entendaient réclamer un plan clair et transparent pour la transition au sommet de l'État, accusant les militaires de s'être accaparé le pouvoir.

Longtemps silencieux face à la colère de la rue, le CSFA a assuré mercredi soutenir la révolution et ses idéaux.

Le Premier ministre Essam Sharaf doit quant à lui présenter lundi un nouveau gouvernement pour tenter d'apaiser la contestation.