L'Union africaine peinait à s'entendre sur le dossier Kadhafi au dernier jour de son sommet vendredi à Malabo, sur fond de divergences franco-russes concernant les opérations internationales en Libye.

Les chefs d'État africains s'étaient séparés tard jeudi soir sans trouver d'accord. Ils se sont réunis à nouveau à huis clos vendredi matin pour tenter de trouver une position commune.

«C'est un dossier crucial, et c'est une journée cruciale», a reconnu vendredi matin le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping avant le début de réunion à huis clos.

Les dirigeants du continent examinent «des propositions pour un accord-cadre sur une solution politique en Libye», préparé par le comité des médiateurs de l'UA (Afrique du Sud, Congo, Mali, Ouganda, Mauritanie), dit-on de source proche de l'UA.

Parmi les propositions figurent notamment un cessez-le-feu immédiat, l'accès humanitaire ainsi qu'une transition avec des élections démocratiques et le déploiement d'une force internationale.

Une des pierres d'achoppement est la participation du leader libyen Mouammar Kadhafi à des négociations, précise-t-on.

Les avis divergent à l'UA: si certains pays militent pour le départ Kadhafi, de nombreuses délégations soutiennent encore le leader libyen, grand bailleur de fonds de nombreux pays africains et de l'organisation panaficaine.

Vendredi à 01H00 du matin, le ministre des Affaires étrangères libyen Abdoul Ati al-Obeidi avait souligné que «Ce n'est pas fini», en exprimant son «espoir» dans l'UA.

«Tout le monde (à l'UA) est d'accord sur le départ de Kadhafi. Certains le disent publiquement, d'autres pas», avait estimé jeudi à Malabo Mansour Sayf Al-Nasr, coordinateur en France de la rébellion, le Conseil national de transition (CNT).

Au CNT, on se montrait confiant vendredi: «On parle de négociations, de tout cela et on ne parle pas de la guerre. Or nos troupes avancent de tous côtés», a dit M. Sayf Al-Nasr, n'écartant pas l'idée de prendre Tripoli rapidement et écartant toute idée de recul.

«Si les opérations militaires avancent pour l'encercler à Tripoli, il (Kadhafi) acceptera (de partir.) Kadhafi est isolé. Il est dans son bunker. Il ne peut se déplacer. Ce n'est pas une vie», a-t-il ajouté.

«Si on voit que Kadhafi se retire, on est prêt à arrêter (les hostilités) et à négocier avec nos frères qui sont autour de Kadhafi», a encore souligné le responsable rebelle.

Divergences franco-russes sur l'aide aux rebelles

À Moscou, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé a affirmé que La France avait informé l'OTAN et le Conseil de sécurité de l'ONU de ses livraisons d'armes aux rebelles en Libye.

«Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité» de l'ONU, a estimé le ministre, interrogé sur les critiques russes. «Nous avons sur ce point des divergences (avec la Russie), cela ne nous empêche pas de travailler ensemble», a reconnu M. Juppé.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s'est montré, lui, critique au sujet des largages, en dénonçant les différentes «interprétations» de la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger la population civile.

«Actuellement, une situation très désagréable existe, (les résolutions sur la Libye) peuvent être interprétées n'importe comment», a-t-il relevé.

Enfin, les rebelles libyens ont exprimé leur «profonde gratitude» envers la France. «Il ne doit y avoir aucun doute sur le fait que les Libyens des montagnes de Nafoussa (ouest) sont en vie et en sécurité aujourd'hui grâce au courage héroïque des rebelles combiné à la sagesse et au soutien français», a indiqué le vice-président du CNT Abdel Hafiz Ghoza.