L'Égypte doit «mettre au rebut» les lois et pratiques les plus décriées de l'ère Moubarak si elle veut que les élections législatives prévues en septembre aient lieu dans des conditions «convenables», a estimé samedi au Caire le secrétaire général d'Amnesty International.

Salil Shetty s'est particulièrement inquiété de l'usage massif des cours militaires pour juger des civils et du maintien de la loi sur l'état d'urgence qui a prévalu sous le règne de Hosni Moubarak, renversé en février.

Le maintien de ces dispositifs, de même que les lois en vigueur sur la presse ou sur les rassemblements, «peuvent fausser les élections» et «n'apportent pas un cadre libre et équitable» pour le premier scrutin de ce genre depuis la fin du régime Moubarak, a-t-il souligné lors d'une rencontre avec des journalistes.

«Nous pensons que ces lois doivent être mises au rebut pour avoir une élection convenable, permettant à toutes les voix de se faire entendre de manière équitable», a ajouté M. Shetty.

Le responsable d'Amnesty International a fait état de 7 à 10 000 procédures judiciaires contre des civils devant des tribunaux militaires depuis la chute de M. Moubarak et le transfert de ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées (CSFA).

«Les procès militaires pour des civils ne répondent pas aux standards internationaux d'une justice équitable», a-t-il souligné.

Quant à la loi sur l'état d'urgence, et notamment ses dispositions d'exception en matière de détention, en vigueur tout au long des 30 ans de règne de M. Moubarak, «elle n'a tout simplement pas d'utilité», le maintien de l'ordre pouvant se faire «dans le cadre du Code pénal et des dispositions légales existantes», a-t-il estimé.