Plusieurs leaders occidentaux, dont Stephen Harper, ont déjà indiqué à mots à peine couverts que la crise libyenne ne prendrait fin qu'avec le dernier souffle de Mouammar Kadhafi.

Mais le militaire canadien à la tête des opérations de l'OTAN contre le régime de Tripoli affirme que le dossier pourrait ne pas être si simple.

Le lieutenant-général Charles Bouchard a maintenu mercredi qu'il n'avait jamais reçu l'ordre de tuer le dictateur. Il prévoit toutefois continuer à bombarder sa capitale.

«Je n'ai pas le mandat d'attaquer Kadhafi directement. Je cible les infrastructures de commandement. Je vise des cibles militaires en bonne et due forme. Je vais continuer à mener l'opération de cette façon», a-t-il affirmé au cours d'une conférence téléphonique.

Mais est-ce raisonnable de croire que Kadhafi puisse devenir une victime collatérale de l'intervention? Pas vraiment, répond le militaire canadien.

«Kadhafi se cache dans des hôpitaux, il se cache entre les murs de mosquées. Il se cache sous différents boucliers, un peu partout. Il se tient bien loin des infrastructures de commandement. C'est ce que je crois.»

La mission de l'OTAN s'appuie sur une résolution des Nations unies qui visait à protéger les Libyens contre leur dictateur. Mais après plus de trois mois de bombardements, les deux camps sont terrés de leur côté de la ligne de front. Les rebelles contrôlent l'est du pays, alors que le régime de Tripoli contrôle l'ouest.

L'augmentation de l'intensité des attaques contre la capitale libyenne a soulevé des questions quant à la possibilité que l'Alliance atlantique tente de tuer Kadhafi pour mettre fin au conflit.

Par ailleurs, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, avait demandé une trêve afin d'acheminer de l'aide humanitaire sur place. M. Frattini a émis ces commentaires après une erreur militaire qui a tué plusieurs civils, dimanche.

Mais le lieutenant-général Bouchard a affirmé mercredi qu'il ne voulait pas offrir aux soldats de Kadhafi la possibilité de se réapprovisionner en armes et en munitions.

«Nous devons nous assurer que ce n'est pas une opportunité pour que le régime de Kadhafi puisse faire bouger des troupes et de l'équipement vers le front, ce qui créerait des problèmes encore plus grands.»

M. Bouchard a ajouté que c'est le régime de Kadhafi qui contrôle l'accès des organismes d'aide à son peuple. «Ils n'ont qu'à laisser passer le convoi», a-t-il fait valoir.

Il a aussi affirmé que les forces de l'OTAN continueraient à livrer des vivres et d'autres équipements. «Notre mission comprend un embargo sur les armes, pas l'interdiction de laisser passer des livraisons humanitaires.»

Le lieutenant-général Bouchard n'a pas voulu spéculer quant à la date à laquelle la mission prendrait fin. Il a rejeté du revers de la main toute comparaison avec une autre intervention de l'OTAN, celle du Kosovo en 1999, qui a duré 78 jours.

«Cette mission au Kosovo s'est déroulée dans un pays beaucoup, beaucoup plus petit. La Libye a la taille de l'Alaska», a-t-il affirmé.