Le régime de Mouammar Kadhafi a repris l'offensive samedi, malgré une nouvelle tentative de médiation proposée par Ankara, en pilonnant pour la première fois la ville historique de Ghadames au sud-ouest de Tripoli et en bombardant l'enclave rebelle de Misrata.

Pour seule réponse aux «garanties» offertes la veille par la Turquie à un exil du colonel Kadhafi, les forces loyalistes ont pilonné samedi Ghadames, à quelque 600 km au sud-ouest de Tripoli, a-t-on appris de sources rebelles.

«Les bataillons de Kadhafi pilonnent la ville archéologique de Ghadames pour la première fois depuis le déclenchement de la révolution» le 15 février, a indiqué une source rebelle, mais l'AFP n'a pu vérifier ces informations de source indépendante.

Ghadames, connue sous le nom de «Perle du désert», est l'une des plus anciennes villes de la région pré-saharienne. Située à la frontière de la Tunisie et de l'Algérie, elle est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1986.

Par ailleurs, les forces pro-Kadhafi continuaient de pilonner la zone de Dafniyeh dans la région de Misrata, ville portuaire rebelle à 200 km à l'est de Tripoli, a indiqué la rébellion sans faire état de victime.

Vingt personnes ont été tuées et plus de 80 blessées dans un violent bombardement vendredi du même secteur par les forces du régime, selon des rebelles sur place.

Sur le front de Djebel Nafoussa, les rebelles ont signalé des combats et des bombardements vendredi et samedi notamment dans les régions de Kekla et Bir Al-Ghanam.

Ils ont également fait état d'une tentative des forces de M. Kadhafi d'entrer dans la ville de Yefren dans la même région, faisant état de «violents affrontements», sans autre précision.

La Turquie avait pourtant tenté vendredi une nouvelle médiation, après celle de l'Union africaine et de la Russie.

Le colonel Kadhafi «n'a pas d'autre solution que de quitter la Libye, avec une garantie qui lui sera donnée (...) Nous lui avons dit que nous apporterions notre aide pour qu'il soit envoyé là où il le souhaite», a déclaré le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

«Selon la réponse qu'il nous donnera, nous soumettrons cette question à nos alliés (de l'Otan), mais malheureusement, nous n'avons pas reçu de réponse jusqu'à présent», a-t-il ajouté.

Seul pays musulman de l'Alliance, la Turquie ne participe pas aux raids aériens visant depuis le 19 mars le régime de M. Kadhafi qui refuse de quitter le pouvoir et reste combatif malgré les sanctions internationales, son isolement et les frappes de l'Otan.

Faisant fi des pressions, le régime célébrait ainsi samedi à l'aéroport militaire de Miitiga le 41e anniversaire de «l'évacuation des bases américaines» de Libye, à grand renfort de groupes folkloriques et de chefs de tribus.

Le 11 juin 1970, quelques mois après l'arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi, les troupes américaines étaient contraintes de quitter le pays et d'évacuer les bases militaires qu'elles occupaient, notamment celle de Miitiga à l'est de Tripoli.

Dans le même temps, la capitale était pourtant la cible de nouveaux raids de l'Otan. Des détonations puissantes ont été entendues entre 16h (10h, heure de Montréal) et 17h depuis le centre de la capitale, survolée en début d'après-midi par des avions de chasse, selon un journaliste de l'AFP.

Par ailleurs, l'Otan, qui a prolongé son mandat de trois mois jusqu'à fin septembre, a visé vendredi 17 cibles du régime dans cette région, ainsi que 5 dans la zone de Misrata, et 4 à Ras Lanouf, site pétrolier situé à 370 km à l'ouest de Benghazi, et repris par les pro-Kadhafi fin mars.

Des chasseurs britanniques ont eux détruit vendredi quatre chars «cachés dans un verger» près de la ville d'Al-Aziziyah au sud-ouest de Tripoli, selon le ministère de la Défense. Les Tornado et Typhoon de la Royal Air Force ont également bombardé une base militaire à Al-Mayah près de la capitale.

Sur le front humanitaire, trois nouveaux bateaux de migrants partis de Libye sont arrivés sur l'île italienne de Lampedusa avec 667 personnes dont des femmes et des enfants, et quatre autres devaient encore arriver, selon les gardes-côtes italiens.

Près de 900 000 personnes ont ainsi pris le chemin de l'exode depuis le début du conflit en Libye qui a fait des milliers de morts, selon des agences de l'ONU.