L'état de santé du président yéménite Ali Abdallah Saleh serait toujours mauvais plus d'une semaine après avoir été blessé dans une attaque à Sanaa, alors que dix soldats et 21 combattants d'Al-Qaïda ont été tués samedi dans le Sud.

Blessé le 3 juin dans un attentat contre son palais à Sanaa, M. Saleh, 69 ans, a été hospitalisé dès le lendemain à Ryad où il a ensuite été opéré «avec succès» selon les Saoudiens, mais aucun bulletin de santé, ni aucune image de lui n'ont été publiés depuis, donnant lieu à des spéculations en tout genre.

«Selon les informations dont nous disposons, l'état de santé du président Saleh est toujours mauvais, principalement parce qu'il souffre de problèmes pulmonaires et de difficultés respiratoires», a déclaré à l'AFP une source yéménite en Arabie saoudite sous couvert de l'anonymat.

Mais les autorités yéménites ont assuré que M. Saleh se rétablissait rapidement. Mercredi un responsable saoudien avait démenti des informations de presse évoquant alors une détérioration de son état de santé.

Plusieurs hauts dignitaires du régime ont été blessés dans l'attentat contre la mosquée du palais présidentiel à Sanaa, qui a fait 11 morts et 124 blessés selon un bilan officiel.

Le Premier ministre Ali Mohammed Moujawar et le président du Parlement Abdelaziz Abdelghani, blessés, sont également soignés en Arabie saoudite.

«Leur état se détériore. Ils ont été vus à l'hôpital le corps entièrement recouvert de bandages», a déclaré la source yéménite, ajoutant que l'explosion «aurait endommagé leur vue».

L'absence, qui risque de se prolonger, du chef de l'État et d'autres dignitaires du régime est de nature à compliquer la situation politique intérieure au Yémen, déjà chaotique.

Au moins 200 personnes ont péri dans les violences ayant marqué le mouvement de contestation populaire lancé en janvier contre M. Saleh, qui dirige le pays depuis 1978, mais refuse de s'effacer malgré les pressions régionales et internationales et des défections multiples au sein de son régime.

Un général dissident, Ali Mohsen al-Ahmar, a accusé M. Saleh de soutenir des groupes terroristes, dont Al-Qaïda, pour conforter son emprise sur le pays.

«Il prétend servir de soupape de sécurité pour le Yémen et les pays voisins, mais c'est un mensonge», a accusé ce commandant de la 1re division blindée rallié en mars à la contestation, dans un entretien publié par le journal arabe Al-Hayat.

Le Yémen constitue la base d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) et c'est au titre de la lutte antiterroriste que M. Saleh a longtemps bénéficié d'un solide appui américain.

Le général dissident a accusé le président d'avoir délibérément livré aux extrémistes des régions du Yémen comme la province d'Abyane, dont le chef-lieu Zinjibar est, depuis le 29 mai, aux mains de combattants présumés d'Al-Qaïda.

«Les troupes se sont retirées (de Zinjibar) en suivant des ordres du haut commandement», a-t-il affirmé.

Les violences ont d'ailleurs continué dans cette région: dix soldats et 21 combattants d'Al-Qaïda ont été tués samedi dans des accrochages à Zinjibar et à Loder, a annoncé le ministère de la Défense sur son site internet 26sept.net.

«De violents combats ont opposé les forces gouvernementales aux terroristes du réseau Al-Qaïda» à Zinjibar où 18 «terroristes» et 9 soldats ont été tués, alors qu'à Loder, à 120 km de Zinjibar, «trois terroristes d'Al-Qaïda» et un soldat ont été tués dans une embuscade tendue par des combattants du réseau extrémiste, a ajouté le ministère.

Un précédent bilan faisait état de six soldats tués et sept civils blessés dans l'embuscade, selon un responsable à Loder.

Parallèlement, les États-Unis poursuivent leurs opérations antiterroristes au Yémen, a affirmé le directeur de la CIA, Leon Panetta, au Sénat.