Plus de 1900 nouveaux Syriens fuyant la répression sont arrivés en territoire turc, ce qui porte à quelque 2500 le nombre de ces ressortissants ayant fui en Turquie, qui a mis en place un imposant dispositif d'accueil et de secours dans la province de Hatay (sud).

Le chiffre de 2500 réfugiés a été annoncé jeudi soir par le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu, selon la chaîne de télévision NTV.

Ce nombre était de 1900 plus tôt dans la journée, selon l'agence de presse Anatolie.

Les réfugiés sont pris en charge par le Croissant-Rouge, dans un village de tentes à Yayladagi (province de Hatay).

Yayladagi, à l'extrémité d'une langue de terre s'enfonçant de 150 km vers le sud, est une sorte de poste avancé de la Turquie au Proche Orient.

La ville syrienne de Jisr al-Choughour (nord-ouest), où l'armée mène des opérations de ratissage meurtrières, n'est qu'à une quarantaine de kilomètres.

C'est à Yayladagi, derrière les grilles d'un ancien centre de traitement du tabac, que le Croissant-Rouge turc a érigé fin avril, après l'arrivée d'un premier groupe d'environ 250 Syriens, un village de tentes capable d'accueillir des milliers de réfugiés.

Pour l'heure, seule une centaine de tentes ont été montées, sur six hectares, mais 900 autres sont prêtes à l'emploi, selon des chiffres fournis fin avril par le Croissant-Rouge, qui mentionne aussi 8500 couvertures et des équipements de cuisine pour 10 000 personnes.

La Turquie n'en est pas là, mais le rythme des arrivées s'accélère. Et Ankara ne veut pas revivre le drame de l'exode massif des Kurdes d'Irak en Turquie, en 1991.

À cette époque, les forces de Saddam Husseïn avaient lancé une vaste offensive contre les Kurdes dans le nord du pays. Des centaines de milliers de Kurdes d'Irak avaient passé la ligne de démarcation.

La Turquie, débordée, avait tenté de les secourir, avec l'aide internationale. Mais des dizaines de réfugiés étaient morts de maladies et de blessures.

Pas question donc de revivre cet enfer. «Nous avons pris toutes les précautions nécessaires à la frontière», a affirmé mercredi le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu, soulignant que la situation était pour le moment «sous contrôle».

Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a assuré de son côté que les frontières de la Turquie restaient ouvertes aux Syriens.

«Nous garderons les portes ouvertes pour tous nos frères syriens qui se réfugient en Turquie. Il n'est pas possible de leur barrer la route au moment où les violences s'intensifient» en Syrie, a-t-il dit jeudi sur une radio.

Il s'est dit inquiet d'une éventuelle contagion de la révolte à Alep (nord), deuxième ville de Syrie, située à moins de 100 km de la frontière turque, assurant toutefois que «toutes les précautions ont été prises» dans les provinces turques frontalières en cas d'arrivée en masse de réfugiés.

Il est impossible pour les journalistes de pénétrer dans le camp de Yayladagi. Tout juste peut-on apercevoir, entre les grilles, quelques fillettes syriennes faire de la balançoire.

Même le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés n'a pas été convié dans l'enceinte, selon un des ses responsables.

Hors de question également de parler aux réfugiés qui viennent de franchir la frontière: ils sont immédiatement pris en charge par des unités de gendarmerie, qui dirigent les personnes valides vers le camp, les blessés vers des hôpitaux, où la consigne est de ne pas admettre la presse.

La Turquie, qui a aboli les visas avec la Syrie, est en effet dans une position inconfortable.

Elle a noué ces dernières années des liens étroits avec Damas, et elle redoute le chaos qui pourrait s'installer chez son voisin, si Bachar al-Assad est renversé.