Les opérations militaires se sont poursuivies dimanche dans le nord-ouest de la Syrie et 28 personnes ont été tuées, selon un militant, alors que des représentants de l'opposition appelaient la communauté internationale à accroître la pression sur le régime syrien.

À Hama (nord), où 60 personnes ont été tuées vendredi par les forces de sécurité, selon un nouveau bilan communiqué par le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel-Rahmane, les habitants ont observé une grève générale en signe de deuil.

«Tout est fermé même les supermarchés. Les forces de sécurité se sont retirées vers les abords de la ville», a indiqué un habitant de Hama, située à 210 km au nord de Damas, joint par téléphone.

En 1982, Hama avait été frappée par une répression ayant fait 20 000 morts lorsque le mouvement interdit des Frères musulmans s'était soulevé contre le régime de Hafez al-Assad, père de l'actuel président.

Vendredi, 65 personnes ont été tuées dans le pays au cours des manifestations, les plus importantes depuis le début mi-mars de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad.

Samedi et dimanche, les opérations militaires ont touché la région de Jisr al-Choughour (nord-ouest), selon M. Abdel-Rahmane.

«Trente-huit personnes ont été tuées dans des tirs dans la région de Jisr al-Choughour: 10 hier et 28 aujourd'hui», a-t-il affirmé.

«Des opérations militaires et sécuritaires y sont effectuées depuis samedi», a-t-il précisé estimant que le bilan pourrait s'alourdir encore.

Six agents des forces de sécurité figurent parmi les personnes tuées dans cette région, selon lui.

Samedi, un militant sur place avait indiqué, sous couvert de l'anonymat, que «les forces de sécurité ont tiré pour disperser plus de 1000 manifestants sortis pour protester après les funérailles d'un civil tué vendredi».

L'agence officielle Sana avait indiqué samedi qu'«un membre de l'armée a été tué et un policier blessé dans des heurts» à Jisr al-Choughour. «Les groupes armés ont attaqué des commissariats de police et des centres de l'armée populaire dans cette localité» et un assaillant a été tué, selon Sana.

À Damas, dimanche en fin d'après-midi, plusieurs dizaines de jeunes ont défilé sur une place du centre-ville scandant: «le peuple veut Bachar al-Assad» et «Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout».

Le régime du président Bachar al-Assad est confronté à un mouvement de contestation d'une ampleur sans précédent, déclenché, le 15 mars, dans la foulée des révoltes arabes.

Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, plus de 1100 civils ont été tués et au moins 10 000 personnes ont été interpellées en Syrie depuis le début du mouvement de contestation.

Réunis à Bruxelles, des représentants de l'opposition syrienne en Europe ont appelé dimanche la communauté internationale à accroître la pression sur M. al-Assad, demandant dans le même temps des enquêtes indépendantes sur la sanglante répression des manifestations.

«Il y a un besoin de davantage de pression sur le régime», ont estimé les organisateurs de la «Coalition nationale de soutien à la révolution syrienne», une conférence qui a réuni samedi et dimanche plus de 200 personnes issues de la diaspora syrienne à l'étranger.

«Il est très important d'imposer l'isolement diplomatique au régime syrien, et de ne pas lui permettre d'être représenté dans les instances internationales», ont-ils ajouté.

L'UE et les Etats-Unis notamment ont imposé ces dernières semaines des sanctions visant Bachar al-Assad et ses proches.

La création par le président syrien d'un organisme chargé de lancer le «dialogue national» a été dénoncée comme «une farce».

«On ne peut pas parler actuellement de dialogue national», alors que la répression bat son plein en Syrie, ont-ils estimé.

La conférence a été organisée dans la foulée de celle qui s'est déroulée de mercredi à vendredi dernier à Antalya en Turquie.

Venu à Bruxelles participer à la conférence, Badreldian Bahrou, un dentiste résidant en Arabie saoudite et qui était déjà à Antalya, se dit «sûr que Bachar al-Assad va partir. La question est de savoir quand et à quel prix».

Le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane, a exhorté pour sa part les autorités syriennes à introduire des réformes pour assurer la stabilité de leur pays.

«Les demandes de réformes et le besoin de stabilité sont deux objectifs qui vont de pair et il est possible de les concilier», a estimé cheikh Mohamed en recevant le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, en visite à Abou Dhabi.