Les dirigeants des grands pays industrialisés doivent se pencher sur un projet de «partenariat» avec les États en pointe dans le mouvement de démocratisation du monde arabe.

La France, pays hôte du sommet, a indiqué la semaine dernière qu'elle espère convaincre les membres du G8 de jeter les bases d'une collaboration à long terme dans le genre de celle qui avait été mise en place avec les pays d'Europe de l'Est à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon un haut fonctionnaire, il sera notamment question de mettre à profit «l'expertise» de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) en ciblant en priorité l'Égypte et la Tunisie. Une importante aide financière devrait aussi être discutée.

La semaine dernière, Barack Obama a damé le pion à ses pairs lorsqu'il a annoncé une aide supplémentaire de quelques milliards de dollars au Caire et un soutien additionnel à Tunis.

Les deux pays sont aux prises avec des difficultés économiques importantes qui fragilisent le processus de transition lancé à la suite des révolutions survenues au début de l'année.

«Ces difficultés peuvent faire basculer la situation. À Tunis, l'ancien président Ben Ali n'est plus là, mais les membres de son ex-parti sont nombreux, et une contre-révolution demeure possible», souligne Karim Pakzad, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris, qui rentre tout juste de Tunisie.

Les pays occidentaux doivent éviter d'osciller entre le soutien à la démocratisation et leurs intérêts géostratégiques immédiats s'ils veulent vraiment éviter que des potentats continuent de s'accrocher au pouvoir, relève le chercheur. Le Bahreïn est l'un des pays, illustre-t-il, où un régime a pu user de la manière forte sans subir de sanctions. «Le mouvement de démocratisation place l'Occident devant ses responsabilités.»

«Il est important que nous nous engagions à fond pour que les idées de démocratie et de liberté triomphent en Tunisie et en Égypte et fassent contagion dans le monde», a d'ailleurs déclaré il y a quelques jours le ministre des Affaires étrangères de la France, Alain Juppé.

La Libye

Les chefs d'État du G8 accorderont une attention particulière à la Libye, où la situation semble s'enliser entre les rebelles et les troupes de Mouammar Kadhafi. Paris et Londres ont annoncé il y a quelques jours l'envoi d'hélicoptères d'assaut qui pourraient changer l'équilibre des forces.

Le Canada, engagé dans les opérations de l'OTAN en Libye, compte faire le point sur la situation avec ses partenaires. Le porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Dimitri. Soudas, a indiqué la semaine dernière que le Parlement fédéral serait consulté si la mission «devait être prolongée» au-delà de la mi-juin.

Le Canada a par ailleurs annoncé mardi une série de sanctions contre le régime syrien de Bachar al-Assad. Il emboîte ainsi le pas aux États-Unis et à l'Union européenne, qui cherchent à faire cesser les exactions contre la population. Selon le département d'État américain, les forces de sécurité syriennes ont tué près de 1000 personnes depuis le début des soulèvements, il y a deux mois.