Les forces de sécurité syriennes ont arrêté plusieurs centaines de personnes dans tout le pays lundi, a déclaré Rami Abdul-Rahman, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Les arrestations, menées immeuble par immeuble, visaient les organisateurs des manifestations et les participants, particulièrement à Homs (centre), Banias (ouest), certaines banlieues de la capitale Damas et des localités autour de Deraa (sud), a-t-il précisé.

Des soldats étaient aussi présents à Maadamiyeh, en banlieue de Damas, qui a été le théâtre de manifestations importantes au cours des dernières semaines. Le secteur était privé d'eau, d'électricité et de communications.

À Banias, où des forces spéciales syriennes appuyées par des blindées sont entrées samedi, plus de 250 personnes, dont des femmes, ont été arrêtées, a précisé M. Abdul-Rahman. Le principal organisateur local des manifestations, son père et trois frères figurent parmi les personnes arrêtées, ainsi que Firas Khaddam, neveu de l'ancien vice-président Abdul Halim Khaddam. Celui-ci vit en exil depuis son départ de Syrie en 2005 et a appelé au renversement du régime du président Bachar el-Assad.

En début d'après-midi, des dizaines de femmes manifestaient à Banias pour réclamer la libération des centaines d'hommes détenus au stade de foot de la ville, a dit M. Abdul-Rahman. Les forces de l'ordre auraient promis aux femmes de libérer tous les hommes âgés de plus de 40 ans.

Un résidant qui a fui la ville il y a deux jours a raconté à l'Associated Press que des imams, le directeur de la ville et des membres de familles influentes comptent parmi les interpellés.

Selon les organisations de défense des droits de l'homme, le bilan de la répression des manifestations de l'opposition au régime avoisiné les 630 morts depuis le début de l'insurrection en mars dernier.

Damas a restreint les accès des journalistes à de nombreuses régions du pays, rendant toute confirmation des témoignages difficile.

Les États-Unis ont imposé des sanctions à trois hauts responsables ainsi qu'aux renseignements syriens pour la répression de la contestation.

De son côté, l'Union européenne a imposé un embargo sur les armes à la Syrie. Dans un communiqué diffusé lundi soir, l'UE précise qu'elle interdit à 13 responsables gouvernementaux syriens de voyager à l'intérieur des 27 pays-membres et que leurs avoirs sont gelés.

L'UE interdit l'envoi d'«armes et d'équipements qui pourraient être utilisés pour une répression interne», précise le communiqué.

Des émissaires de l'UE avaient recommandé l'adoption de telles mesures vendredi, mais une décision de tous les pays-membres, lundi, était nécessaire pour avoir le feu vert officiel.

Quant aux Nations unies, elles ont annoncé samedi l'envoi d'une équipe en Syrie pour enquêter sur la situation.