Le parti du président yéménite Ali Abdallah Saleh a accepté un plan de sortie de crise des pays du Golfe, après un «oui mais» de l'opposition, mais cette initiative se heurte au rejet des manifestants qui exigent un départ immédiat du chef de l'État.  

«Nous rejetons catégoriquement toute initiative qui ne prévoit pas le départ immédiat du (président) Saleh et de sa famille», a affirmé dimanche, dans un communiqué, la coordination des mouvements de jeunes qui encadrent le sit-in de la place de l'Université de Sanaa.

Le texte affirme que l'opposition, qui a accepté sous condition le plan du Golfe, «ne représente qu'elle-même» et l'invite à «s'abstenir de tout dialogue avec le régime, à demander le départ immédiat de Saleh et son jugement».

L'opposition parlementaire a indiqué samedi qu'elle acceptait ce plan à l'exception d'un point prévoyant la formation, avec la participation de M. Saleh, d'un gouvernement de réconciliation nationale.

La coordination a appelé les manifestants à «amplifier leurs revendications et à fixer l'heure de la chute du régime», qu'elle accuse de «mentir (...) et de constituer un danger pour le peuple yéménite et l'ensemble de la région».

«Il y a un consensus sur le rejet de cette initiative», a déclaré à l'AFP Abdel Malik Al-Youssoufi, l'un des chefs des manifestants à Sanaa qui campent en permanence près de l'Université.

Ce sit-in, comme d'autres à travers le Yémen, est animé par des jeunes très déterminés qui ne déclarent pas de préférence partisane et semblent agir indépendamment des partis politiques traditionnels.

Des heurts se poursuivaient par ailleurs dans le sud du pays, où six militaires et trois hommes armé sont morts dimanche dans des affrontements entre des tribus et la Garde républicaine dans la province de Lahej, où un précédent affrontement avait fait huit morts jeudi.

Le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), a accepté samedi le plan de sortie de crise présenté par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévoyant un départ d'ici quelques semaines du président Saleh.

Le texte du plan, obtenu dimanche par l'AFP, prévoit l'immunité pour le président et ses collaborateurs, une fois qu'il aura quitté le pouvoir.

Les États-Unis, pour lesquels un Yémen stable est essentiel dans la lutte contre Al-Qaïda, ont aussitôt salué le plan proposé et pressé toutes les parties de mettre en oeuvre «rapidement» la transition politique.

«Nous applaudissons les annonces par le gouvernement yéménite et l'opposition qu'ils acceptent l'initiative du CCG pour sortir de la crise politique pacifiquement et de manière ordonnée», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney dans un communiqué.

Mais M. Saleh a répété qu'un changement de régime passerait par «les urnes». «Vous m'appelez aux États-Unis et en Europe à céder le pouvoir. A qui dois-je le céder ? A ceux qui cherchent à mener un coup d'État. Non, nous le ferons à travers les urnes et les référendums», a-t-il déclaré dimanche à la chaîne BBC, accusant l'Occident d'appuyer ses adversaires, soutenus selon lui par Al-Qaïda.

Le plan élaboré par les pays du CCG, inquiets de la crise yéménite qui dure depuis fin janvier et a fait plus de 130 morts selon des sources médicales, prévoit un gouvernement dirigé par l'opposition.

Une fois le plan accepté, M. Saleh chargerait ainsi l'opposition de former, dans un délai d'une semaine, un gouvernement de réconciliation nationale.

Au 29e jour de la mise en application de l'accord, la Chambre des députés approuverait une loi accordant l'immunité au président et à ses collaborateurs.

M. Saleh démissionnerait ensuite en faveur du vice-président qui aurait à organiser, dans un délai de 60 jours, une élection présidentielle.

Le Parlement élaborerait ensuite une nouvelle constitution qui serait soumise à référendum et suivie par des législatives.