Le régime libyen a subi lundi un affront symbolique: une frappe aérienne de l'OTAN a complètement détruit le bureau du colonel Mouammar Kadhafi à Tripoli, au moment où à Misrata, théâtre de violents combats depuis des semaines, les rebelles marquaient une nette avancée.

Le bureau de Mouammar Kadhafi, situé dans son immense résidence du secteur de Bab Al-Aziziya, a été totalement détruit par une frappe aérienne de l'OTAN, a constaté un journaliste de l'AFP. L'OTAN avait déjà visé ce secteur vendredi soir.

Des détonations, les plus fortes ayant secoué la capitale jusqu'ici, ont été ressenties lundi vers 00H10 locale (22H10 GMT dimanche) tandis que des avions survolaient la ville, cible depuis vendredi de raids intensifs de l'OTAN.

Seif Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, a qualifié le bombardement du bureau de son père de «lâche».

«Cette attaque lâche sur le bureau de Mouammar Kadhafi peut faire peur ou terroriser les enfants, mais nous n'abandonnons pas la bataille et nous n'avons pas peur», a-t-il dit dans une brève déclaration à sa télévision Allibiya, affirmant que la bataille engagée par l'OTAN en Libye était «perdue d'avance».

Vers 03H00 locales (01H00 GMT), la fumée s'échappait toujours d'une partie du bâtiment détruit, où des dizaines de curieux et de partisans du régime se sont rassemblés, scandant des slogans à la gloire du Guide.

Une salle de réunion, en face du bureau du colonel Kadhafi, a été touchée par le souffle de l'explosion.

Les avions de l'OTAN survolaient toujours la capitale libyenne lundi matin, tandis que le calme semblait régner lundi dans la ville rebelle de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, après une journée de combats intenses.

Auparavant des tirs d'artillerie avaient touché la ville pendant plusieurs heures provoquant des explosions plus violentes que d'habitude, tombant sur des habitations au hasard.

Selon des sources médicales, au moins une douzaine de civils, dont des enfants, ont été tués dans ces bombardements nocturnes.

Des roquettes sont tombées sur le cimetière du quartier, éventrant des tombes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Lundi matin, les rues étaient quasiment désertes. De nombreux bâtiments présentaient des impacts de balles et roquettes.

Dans une mosquée, un muezzin chantait en continu «Dieu est grand, il est mon seul guide».

«Il chante depuis des heures pour apaiser les gens», a expliqué à l'AFP Seilam Naas, 55 ans, un habitant du quartier de Kharouba, qui a perdu deux cousins en 48 heures, l'un tué par un sniper, l'autre par une roquette.

Malgré l'annonce par le régime d'une suspension des opérations, les combats se poursuivaient toujours dans cette ville assiégée depuis plusieurs semaines et où la situation humanitaire devient de plus en plus inquiétante.

Samedi soir, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, avait assuré que les forces gouvernementales avaient «suspendu leurs opérations» à Misrata, grande ville côtière rebelle à 200 km à l'est de Tripoli.

Il s'agit de permettre aux tribus locales de trouver une solution pacifique dans un délai de 48 heures, avait précisé M. Kaïm.

Une nette avancée des rebelles a permis dimanche de libérer des habitants enfermés chez eux depuis parfois plusieurs dizaines de jours, à cause des snipers qui abattaient tous ceux qui tentaient de sortir.

Parallèlement, deux soldats loyalistes blessés et capturés dimanche matin ont assuré à l'AFP que le moral des troupes pro-Kadhafi était «au plus bas».

Dans l'Ouest, les forces loyales au colonel Kadhafi ont bombardé dimanche après-midi des zones proches du poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, pour tenter de reprendre la ville de Wazzan, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Dimanche soir, un homme kazakh apparemment déséquilibré a tenté d'immobiliser une hôtesse sur un vol Paris-Rome de la compagnie Alitalia, avec le projet de le détourner vers Tripoli, mais a été maîtrisé.

L'appareil a finalement atterri sans encombre à l'aéroport international de Fiumicino vers 22H05 (20H05 GMT). Tous les passagers sont sains et saufs.

Le Koweït a pour sa part accordé une aide financière de 50 millions de dinars (180 millions USD) à la rébellion, selon le président du Conseil national de transition (CNT, rébellion), en visite à Koweït.