Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Sanaa pour réclamer le départ immédiat du président Ali Abdallah Saleh, dont les partisans ont organisé une autre marche dans la capitale yéménite, selon un journaliste de l'AFP.

Les contestataires ont convergé vers le centre de Sanaa vendredi, jour de la prière hebdomadaire devenue l'occasion de rassemblements politiques rivaux.

Les manifestants anti-Saleh se sont rassemblés pour un «vendredi de la dernière chance» alors que les partisans du président manifestaient pour un «vendredi de la réconciliation».

Des forces de l'armée et de la police étaient déployées en force pour empêcher des heurts entre les dizaines de milliers de personnes des deux camps rassemblées sur des places distantes de quelques kilomètres, comme les vendredis précédents.

«Aux pays voisins: pas de négociations, pas de dialogue», pouvait-on lire sur des affiches arborées par les manifestants anti-régime, faisant visiblement référence à un plan de sortie de crise des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

L'ambassade du Yémen à Washington a confirmé jeudi que le président Saleh avait reçu la proposition des mains du secrétaire général du CCG, Abdellatif al-Zayani.

M. Zayani a proposé «la formation d'un gouvernement d'union nationale», puis un transfert du pouvoir par le chef de l'État au vice-président et un arrêt des manifestations, a déclaré à l'AFP une source gouvernementale sous couvert d'anonymat.

«Le président présentera ensuite sa démission à la Chambre des députés dans un délai de 30 jours», au terme duquel un président intérimaire et le gouvernement d'union procèderont à l'organisation d'une élection présidentielle dans les 60 jours, selon la même source.

Fortement contesté dans la rue depuis janvier, M. Saleh s'est vu offrir un tel départ avec la garantie de ne pas être poursuivi en justice, a affirmé à l'AFP un haut responsable de l'opposition, Hassan Zayd.

Selon lui, la proposition prévoit «la démission du président Saleh et la promulgation d'une loi d'amnistie», lui offrant des garanties qu'il ne sera pas inquiété après son départ du pouvoir.

«L'assaillant doit être présenté à la justice», pouvait-on lire sur des banderoles brandies vendredi par les manifestants.

«Les jeunes de la révolte pacifique», un des groupes instigateurs de la contestation, a rejeté la proposition du CCG, car «elle n'inclut pas un départ immédiat de Saleh», principale demande de la contestation, et «lui offre une protection ainsi qu'à sa famille et ses proches qui sont des meurtriers».

Dans leur communiqué, ils appellent également à une grève générale samedi à travers le pays.

Au pouvoir depuis 32 ans, M. Saleh a répété mercredi qu'il allait continuer à «résister» et qu'il ne cèderait le pouvoir que dans le cadre de la Constitution. «Que ceux qui veulent parvenir au pouvoir s'en remettent au verdict des urnes», a-t-il dit, alors que son mandat court jusqu'en 2013.

Le mouvement de contestation populaire organise depuis fin janvier des manifestations quasi-quotidiennes pour réclamer le départ du président Saleh. La répression sanglante de leur mouvement a fait plus de 130 morts, et les protestataires exigent que M. Saleh soit jugé.